J'ai écouté. Selon Bill, c'est de Malo qu'est venu l'idée, son père se contentant d'accepter immédiatement. Il m'a ensuite confirmé que ma mère est arrivée il y a une semaine. Il m'a dit que les débuts n'ont pas été simples, celle-ci appuyant ses dires d'un sourire crispé, or qu'en avançant doucement mais sûrement ils sont arrivés à leurs fins. À l'acceptation. Il m'a révélé que durant ce même temps Malo a tenu à demander l'aide de Katherine et Leo. J'ai sincèrement pensé que mon ami prenait parti et s'éloignait de moi, alors qu'apparemment il œuvrait dans l'ombre pour trouver une solution. Bill m'a ensuite avoué que la seconde phase, celle concernant mon grand-père, devait nécessairement m'inclure, raison donc pour laquelle je suis finalement mis au courant.
Mais au courant de quoi au juste ?
Je ne sais toujours pas ce qui a fait pencher la balance du côté de la raison pour ma mère. Elle était prête à sacrifier son mariage, à prendre le risque de nous perdre Malo et moi, tout ça pour sa folie l'empêchant de considérer Malo autrement que comme son enfant. Bill est resté bien plus que vague. Ces derniers mois je suis de moins en moins bon pour cacher mes émotions, aussi je me doute qu'il a facilement pu voir sur mon visage à quel point ces réponses sans réponses, ces explications sans explications, entamaient très sérieusement ma patience pourtant déjà si mince. Il m'a donc souri en disant que ce rôle revenait à Malo, et que si je l'acceptais il serait préférable que nous nous isolions pour qu'il me fasse part de toute l'histoire.
Je n'ai pas osé croiser son regard, celui de Malo. Je me suis contenté de chuchoter du bout des lèvres mon accord, le suivant par la suite jusqu'à son ancienne chambre. J'y suis déjà allé par le passé, or cette pièce n'est décidément pas un lieu stratégique pour que je puisse mettre mes sentiments à son égard de côté. Comment le pourrais-je dans un espace étant resté inchangé depuis son adolescence, me présentant l'essence même de l'homme que je suis incapable d'arrêter d'aimer ? Je suis donc resté debout, m'appuyant contre un mur et me refusant toujours à croiser son regard. Il ne m'en a pas une seule fois tenu rigueur, prenant pour sa part place sur son lit pour s'y assoir en tailleur.
C'est donc ici que je suis, attendant toujours qu'il ne prenne la parole. Je sais qu'il s'apprête à le faire. Seulement me retrouver seul avec lui dans cette pièce est déjà bien trop pour me permettre de garder le contrôle de mon corps, pour ne pas imploser sous bien trop d'émotions contradictoires. Faut-il en plus y rajouter sa voix, au timbre si particulier à mes yeux ?
— Comme je te l'ai dit tout à l'heure, je n'ai jamais baissé les bras Rafael. Je reconnais que je n'en n'ai pas été loin ceci-dit... Si j'ai accepté de te le faire croire c'est uniquement parce que je savais qu'à trop insister, tu allais définitivement fuir et me glisser entre les doigts. Je t'ai donc laissé ton espace, je t'ai laisser te concentrer sur toi-même. Et... mon cœur je sais que je n'aurais qu'une chance, pas deux. Si je te donne espoir et que c'est un cul de sac, tu me tourneras définitivement le dos. Mais tu m'as affirmé que le jour où la solution apparaitrait tu serais présent. Je ne voulais pas revenir vers toi avant d'être absolument certain d'avoir démêlé ce tas de nœuds. Aujourd'hui je le suis.
— Je... Arrête de m'appeler comme ça Malo. Je ne sais toujours pas de quoi vous parlez tous, je ne sais toujours pas ce qui a miraculeusement ouvert les yeux de ma mère, je suis loin d'être aussi convaincu que vous tous. Alors... juste arrête s'il te plaît.
Une fois n'est pas coutume, ma voix ne s'est élevée que dans un simple souffle. Il n'y avait aucune nuance sombre, sarcastique ou colérique. Je ne veux pas le blesser, surtout pas. Toutefois l'entendre m'appeler comme si j'étais toujours sien me brise bien trop.
— Désolé.
J'ose pour la première fois relever le regard vers lui, or je n'avais pas prévu que mes yeux accrochent directement les siens. Je sais qu'il est sincère et ne le fera plus. Son regard me paraît d'une intensité redoublée, comme s'il cherchait à lire mes pensées les plus profondes. Si tel est le cas je ne peux que lui souhaiter bonne chance, je suis moi-même incapable de faire sens sur ce qui se passe en moi. Quand sa voix s'élève de nouveau je rentre dans une sorte de transe, étant littéralement suspendu à la moindre de ses paroles.

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Romance« N'aimez jamais quelqu'un qui vous traite comme une personne ordinaire » ~ Oscar Wilde. Ordinaire. Au contraire, ce mot a toujours irrésistiblement attiré Rafael. Sa vie n'a jamais eu la prétention de pouvoir se revendiquer comme telle. Lui-même...