— Leo...
— Hors de question.
— Je... n'ai encore rien dit ?
Il s'arrête à son tour pour se tourner dans ma direction, à peine quelques pas derrière-lui. Je fronce les sourcils, m'apprêtant à continuer. Il me coupe à nouveau l'herbe sous le pied, son impatience se trahissant très largement sur ses traits.
— Tu allais me sortir une excuse bidon, tu allais faire marche arrière et sécher, tu allais me faire croire que tu n'as pas les épaules qu'il faut. Alors ? Sur quel point je me trompe ?
Je soutiens son regard quelques instants en gardant le silence, puis souffle doucement en détournant finalement les yeux. Il ne lui en faut guère plus pour déjà continuer, le ton toujours aussi sûr :
— C'est bien ce que je pensais. Ma réponse reste la même : hors de question.
— Tu te trompes bien sur un point ceci-dit.
Je redresse la tête, retrouvant alors un semblant d'assurance en poursuivant :
— Tu te trompes en pensant que tu peux m'obliger à mettre les pieds dans cet amphithéâtre.
— Rafael Garnier, La Plus Grande Drama Queen de France, messieurs dames.
— Ce n'est p–
S'il est possible de ravaler au sens littéral un mot que l'on s'apprête à prononcer, c'est à coup sûr ce qu'il vient de m'arriver. Absolument contre mon grès. Seulement je viens de me faire prendre chacun de mes bras, me sentant entraîné en avant la seconde suivante. Maxine à ma gauche, Amber à ma droite, toutes deux sorties de nul part me tiennent et, avant que je n'ai pu protester, franchissent la porte de l'amphithéâtre que Leo leur ouvre gracieusement.
— Les filles ? Mais qu'est-ce que vous faites ?
Maxine ne me répond pas, se contentant de déposer un baiser sur ma joue. Un coup d'œil dans sa direction me suffit pour prier très fortement que son rouge à lèvres ostentatoire n'y a pas laissé son empreinte. Elle n'ajoute rien suite à son geste, faisant fis de ma question. Ma tête pivote donc à l'opposé dans la direction d'Amber, celle-ci acceptant gracieusement de poser des mots sur la situation.
— Leo nous a prévenues par message que tu ne te sentais pas dans ton assiette et que tu allais sûrement refuser d'aller en cours, pour déprimer seul. Sauf qu'on ne laisse pas nos amis seuls, nous. On aurait bien séché avec toi, mais cette matière est trop importante. Pour nous tous. Alors quand on a vu que tu faisais la fine bouche devant la porte et que Leo était un empoté, on a donné un petit coup de pouce au destin.
— Je vais parfaitement bien, il exagère.
Elles n'acceptent de me relâcher qu'au moment de prendre place sur nos sièges. J'en profite alors pour lancer un regard très peu bienveillant à mon ami tandis que ce dernier s'installe tranquillement à mes côtés. Loin de se laisser déstabiliser, il n'arrive au contraire pas à cacher son hilarité au vu de la situation.
— Que veux-tu que je te dise, poussin ? Je les adore. Je t'adore. Je m'adore.
— Bon, alors ? Qu'est-ce qui ne va pas ?
Maxine, assise au bout de la rangée, se penche dans ma direction. Elle paraît réellement sincère et soucieuse, au même titre qu'Amber je constate. Je me mords l'intérieur de la joue pour tenter de garder un visage neutre au possible, refusant de leur montrer mon état de panique interne de me trouver dans cette pièce.
— Je vais bien.
— Aussi convaincant que si moi je jurais ne pas trouver Monsieur Nash attirant.
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Links II [BxB]
Romance« N'aimez jamais quelqu'un qui vous traite comme une personne ordinaire » ~ Oscar Wilde. Ordinaire. Au contraire, ce mot a toujours irrésistiblement attiré Rafael. Sa vie n'a jamais eu la prétention de pouvoir se revendiquer comme telle. Lui-même...