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Chapter 14

Je regarde mon portable, fronçant les sourcils et retenant mon agacement. Mon GPS m'avait indiqué quatre minutes de marche, je crois que le double est largement dépassé alors que je tourne en rond pour tenter de le trouver. Seulement j'ai beau me plaindre, je préfère mille fois me compliquer la vie comme ça plutôt que de monter dans sa voiture devant l'entrée de la fac, aux yeux de tous. Des appels de phares captent alors mon regard et je souffle de soulagement en reconnaissant sa voiture. Mission accomplie.

Je me hâte de le rejoindre, trottinant littéralement sur mon chemin. À peine mes fesses se posent-elles sur le siège passager que je me tourne vers lui, contenant à grande peine mon sourire :

—Pourquoi as-tu tenu à venir me chercher ?

— Comme si tu ne le savais pas déjà.

Malo rit doucement à son tour avant de venir chastement embrasser mes lèvres des siennes. Il poursuit alors, sa voix prenant des airs de réprimande :

— As-tu sérieusement utilisé ton amie pour qu'on sorte ensemble ce soir ?

— Oh, tu veux aborder le sujet « Amber » ? Je serais toi j'attendrais plutôt qu'on soit au resto, là tu peux être sûr que je ne ferais pas de scène. Après si tu y tiens absolument, on p–

— Attache-toi on y va.

Il a de la chance que la perspective d'une soirée avec lui, en dehors de notre appart et en amoureux, accapare à cet instant la grande majorité de mes pensées. Je ne tiens pas à en faire toute une montagne du cas de mon amie, la situation est encore rattrapable alors à quoi bon gâcher cette soirée. C'est pourquoi je laisse percer une dose de légèreté dans le ton de ma voix quand je lui lance, alors même qu'il est en pleine concentration sur la route :

— Par contre on peut aborder autre chose.

Je le vois se mordre sa lèvre inférieure pour se retenir de rire, cependant ses yeux restent obstinément fixés devant lui. Son air empli de malice ne m'échappe pas, m'aveuglant même carrément alors qu'il me rétorque :

— Laisse-moi deviner... L'écharpe ?

— Hmm hmm.

Je croise les bras sur mon torse, haussant les sourcils et lui laissant sa chance pour s'expliquer. Mais mon abruti de petit-ami décide de piétiner cette opportunité, purement et simplement, se contentant d'annoncer en toute innocence :

— Ne me dis pas que tu n'avais pas chaud.

Je tousse de manière quasi convulsive à ses mots, me retenant de me plier en deux pour en rajouter théâtralement. Le voyant me jeter un regard j'en profite pour porter ma main à mes oreilles, mes traits changeant soudainement pour se faire apeurés. Il tique aussitôt, fronçant les sourcils alors que ses yeux alternent entre moi et la route, ses propres traits se transformant pour devenir concernés, inquiets.

­— Mon cœur tout va bien ?

— Oui. Je vérifiais simplement que mes oreilles ne s'étaient pas mises à saigner devant tant de culot.

— Que–

Il s'arrête de lui-même de parler, préférant venir me taper du plat de la main contre mon épaule.

— Je me suis réellement inquiété, Rafael !

— Tant mieux.

Je lui souris sincèrement, fier de moi. Puis je croise à nouveau les bras et réhausse les sourcils, reprenant exactement la même posture pour lui témoigner que j'attends toujours ses réelles explications. Il souffle longuement en réponse, puis ses propres lèvres frémissent et sa voix se fait nettement plus légère.