— Qui a décrété que les cadeaux, c'est après manger ?
Amyn nous regarde tour à tour, réellement à la recherche du coupable. Je tourne légèrement la tête à l'entente de l'air bougon d'Aly, entre les pattes de son frère et ronchonnant en réponse :
— Moi je voulais maintenant...
— C'est moi.
Sam se contente d'hausser les épaules, comme si la question était superflue, ne méritant pas qu'on puisse s'y attarder plus que de mesure. Après tout quand Sam décide, elle décide. Amyn plisse les yeux à l'extrême dans sa direction, or il n'ajoute rien, son air boudeur parlant en revanche de lui-même. Il se baisse à la hauteur d'Aly, venant cogner son petit poing du sien. Nul doute que ces deux là on assez côtoyé ma sœur pour savoir qu'il ne sert à rien, et j'insiste sur le rien, de chercher à la faire changer d'avis. Loïc caresse les cheveux de son frère dans une tentative de consolation je suppose, son regard dirigé vers ma sœur et un sourire idiot aux lèvres.
Ce sourire idiot, je le partage incontestablement.
Ils sont tous là. Nous ne sommes pas Noël, nous n'en sommes même pas le réveillon à vrai dire. Le réveillon du réveillon pour être exact. Et ils sont tous là, tous ceux auxquels je tiens, ma véritable famille. Ma sœur et Gabriel, Thomas et Charlie, Malo, Loïc, et les deux enfants de la soirée : Aly et Amyn. Sans oublier Falcon et Nute. Comment oublier ce duo infernal... Et puisque nous abordons les tandems incontrôlables, Leo et Katherine nous ont même appelé en début de soirée.
Oui, ils sont tous là. Pour rien au monde je n'aurais voulu passer ce moment avec d'autres.
L'acceptation s'est faite sa place en moi, et à vrai dire, je n'arrive même pas à en ressentir de réelle tristesse. Plus un serrement au cœur, pour la famille idéale que je n'aurais jamais je suppose. Mais j'accepte, j'ai eu près de treize ans maintenant pour doucement me faire à l'idée, ces derniers mois ne sont en somme qu'une goutte dans un verre déjà bien trop plein. Mon père est celui avec lequel j'ai le moins de mal, ce qui équivaut que j'arrive à lui sourire, à prendre de ses nouvelles et à en donner. Ma mère... je m'arrêterais au fait que la tolère. Malgré tous les efforts de Malo, je ne me sens pas capable d'aller au-delà. Je sais que la situation peine Malo, lui n'est pas encore arrivé au stade de l'acceptation face à ma froideur. Il le fera, tôt ou tard.
Pour Sam la situation diffère légèrement. Elle n'est pas beaucoup plus jeune que moi, cependant ces trois années sont un gouffre. Elle aura beau le nier à tort et à travers, elle a besoin de mes parents, besoin de leur présence et de leur soutien. Désespérément besoin de ce qu'elle n'a jamais eu en soit. Alors malgré le divorce en cours de mes parents, elle tient à voir autant qu'elle le peut les deux. Ils ont foiré énormément de choses dans notre éducation, beaucoup trop, je leur défends de foirer ce qu'il leur reste avec Sam.
Mon grand-père quant à lui est devenu aussi existant à mes yeux que le serait un grain de sable d'une plage quelconque. Notre plan, ou plutôt celui de Leo, pour lui faire perdre la face dans l'opinion publique, a fonctionné. Au-delà même des attentes et un peu trop à mon goût, au vu des coups de fils que je continue de recevoir tous les jours de la part de journalistes. Or je ne vais pas m'en plaindre, l'effet est au rendez-vous. Mon grand-père a abandonné ses poursuites, au même titre que ses parts dans l'entreprise et ses liens avec nous. Tout. Il ne voulait pas rester affilié à Malo et moi évidemment, mais aussi à son fils, de près ou de loin. Grand bien lui en fasse.
Je laisse mes yeux balayer mes amis, mes coéquipiers... ma famille. Oui j'en suis convaincu, ma véritable famille est là, nul de besoin de chercher au-delà. Les liens du sang sont subis, ceux du cœur choisis.
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Romance« N'aimez jamais quelqu'un qui vous traite comme une personne ordinaire » ~ Oscar Wilde. Ordinaire. Au contraire, ce mot a toujours irrésistiblement attiré Rafael. Sa vie n'a jamais eu la prétention de pouvoir se revendiquer comme telle. Lui-même...