Assise sur une charrette avançant au milieu des bois, entourée de ces barbares de Vikings se trouve Alya, cette jeune femme de vingt ans à qui tout a été arraché quelques heures auparavant. Ses cheveux de blés dans le vent et les yeux dans le vague, voilà des heures qu'elle est assise là à regarder le paysage défiler et à revivre les événements de la veille. Ce soir là, elle a tout perdu. On lui a enlevé tout ce qui était possible d'enlever. Son village, sa maison, ses parents, son fiancé, sa vie entière. Son village a été attaqué par des hommes, surement des Vikings aussi. Ils ont tout brûlé. Tout. Elle entend encore les cris agonisants de ses parents avant ce calme si pesant. Elle était la dernière survivante, recroquevillée sur elle-même dans sa chambre, tétanisée, en sachant que son heure était aussi arrivée. Elle entend encore les pas monter les escaliers, ils raisonnent dans sa tête. C'est là qu'elle a pris la décision de prendre en main son destin. Elle qui venait d'entendre ses parents se faire tuer, elle ne voulait pas subir le même sort. Se relevant sur ses jambes tremblantes, elle regarde par la fenêtre pour s'assurer de la hauteur, elle pensait que ça suffirait. Les mains agrippant les rideaux, elle grimpe, un pied après l'autre sur le rebords de la fenêtre puis se penche au dessus du vide. Plus rien ne la retenait.
- Et donc ? Lui demande un homme assit sur la charrette, en face d'elle.
- Donc je pensais être morte, répond Alya. Mais je me suis réveillée plusieurs heures après.
Elle avait mis du temps à retrouver ses esprits. Autour d'elle il n'y avait plus rien, que des cendres. Des larmes au gout salé mélangé au sang dévalent le long de ses joues jusqu'à ses lèvres. Toujours allongée au sol, elle sait qu'elle ne doit pas rester ici, au cas où les hommes reviendraient. Si elle doit mourir, elle le fera de sa main, même si elle doit recommencer encore et encore. Personne d'autre n'a le droit de décider de sa mort. Les côtes surement brisées, le genoux droit déboîté et recouvert de sang elle se traîne par terre à la force de ses bras jusqu'à la forêt derrière le village. Elle se retient de hurler à chaque mouvement, mais la douleur est si forte qu'elle se dit qu'elle finira par l'emporter.
- Peut-être qu'Odin te réserve un autre destin, reprend l'homme.
- Un destin d'esclave ? Relève la jeune fille en fronçant les sourcils cachant sa détresse. Je ne crois pas en vos Dieux. En aucun Dieu d'ailleurs.
Sinon Alya les aurait supplié de la laisser mourir. Au combien elle aurait voulut que ça se termine cette nuit dans les bois. Mais il en fût autrement. Après avoir perdu connaissance un grand nombre de fois, elle fût réveillée par des élancements atroces dans sa jambes. Passant des yeux clos aux yeux grands ouverts en se tordant dans tous les sens, elle aperçoit dans ses gémissements plusieurs hommes autour d'elle. L'un d'entre eux lui tient les bras au dessus de sa tête, et un autre cautérise ses blessures avec la lame de son épée. Ces hommes lui ont sauvé la vie.
- Tu sais, si tu fais bien ton travail d'esclave, tu n'auras pas d'ennuis et puis tu pourras obtenir quelques faveurs du chef de clan. On dit aussi que c'est un Dieu, en as-tu déjà entendu parler ?
Un homme sur son cheval soupire avant d'étouffer un rire. Celui-ci ressemble tout à fait à l'idée qu'on se fait d'un Viking. Sa posture imposante, ses vêtements et son visage sali surement par une bataille, ses cheveux rasés sur les côtés et attaché en une queue de cheval à l'arrière. Il n'a rien de rassurant.
- Qu'y a t-il Ubbe ? Tu as quelque chose à rajouter peut-être ? Reprend-il d'un air menaçant.
- Tu n'es pas un Dieu Ivar, répond-il, tu es notre frère.
- Peux-tu me préciser le rapport ? reprend-il d'un air arrogant.
Alya soupire.
- Vous n'êtes donc pas un esclave, dit-elle en comprenant qu'elle est bien seule.
- Non en effet, et tu l'auras compris, celui qui se prend pour meilleur que moi là c'est Ubbe, mon frère et lui derrière c'est Hvitserk... mon petit frère.
- Je ne suis pas ton petit frère Ivar, rétorque le Viking, je suis ton grand frère. Il me semble que tu l'oublies par moments.
Ce Viking là, parait plus jeune que le précédent, son visage est plus doux, mais son regard est très fermé et taché de gouttes de sang. Ses cheveux sont tirés en arrières en plusieurs tresses lui tombant dans le dos.
- Quelle belle journée vous ne trouvez pas, nous avons fait un fabuleux voyage, n'est-ce pas mes frères ? Continue-t-il en passant une main dans ses cheveux noirs.
- Magnifique... Soupire Ubbe.
- Hvitserk, peut-être peux tu expliquer à notre invitée ce que nous avons fait hier.
L'estomac d'Alya se serre à s'en donner presque la nausée. Cette fois elle prie, oui elle prie que ce ne soit pas eux qui aient fait de son village une véritable boucherie.
- Une bataille, dit-il d'un ton sec.
Le visage d'Ivar s'illumine d'un grand sourire.
- Ahh et quelle bataille ! S'exclame t-il. Hvitserk tu as été très doué d'ailleurs, très coura...
- Faut que je descende, le coupe la jeune femme le visage pâle.
- Pourquoi donc ? La charrette n'est pas assez confortable ? Interroge Ivar en haussant les sourcils.
- Arrêtez la charrette ! Ordonne Ubbe.
Une fois arrêtés, la main devant la bouche, Alya se précipite derrière un arbre, malgré la douleur provenant de sa jambe. Elle se plie en deux et vomi toutes ses tripes.
Essuyant ses larmes, elle se redresse et fait face aux Vikings qui la regardent de travers.
- Si c'est vous qui avez détruit mon village, dit-elle en sanglots, tuez moi je vous en prie. Si vous ne le faites pas vous même maintenant, je trouverai un moyen.
- Voilà qui est embêtant, dit Ivar en se pinçant le menton.
- Non ce n'est pas nous, avoue soudainement Hvitserk, nous nous sommes battus contre un autre clan de viking. Peut-être était-ce eux qui ont saccagé ton village.
Il s'approche de la jeune femme et lui attrape le bras.
- Et si c'était bien eux, reprend-il en la faisant remonter sur la charrette, alors ta famille a été vengée. Maintenant en ce qui te concerne, tu vas venir avec nous et tu feras ce qu'on te dira.
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VIKINGS - Le sang des Dieux
Fanfiction- Je t'ai observé ce soir. Tu n'as pas baissé le regard une seule fois, tes pupilles dilatées par la soif du sang .Ce n'était pas une vengeance mais une soif à assouvir, je le sait. Je te connais mieux que n'importe qui ici. nous ne sommes pas si di...