CHAPITRE 17

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—Debout.

À genoux, je ne répondis pas et bougeai encore moins. Je me contentai de le fixer.

Les traits de son visage étaient dépourvus de la moindre émotion. Il demeurait stoïque, impénétrable. Seul son pouce qui passait et repassait de manière quasi imperceptible sur la partie supérieure de son arme, laissait entrevoir un quelconque mouvement.

—J'ai dit : DEBOUT !

Je sursautai.

À l'aide du plat de mes mains, je me redressai. Face à lui désormais, bras ballants, j'attendais la sentence.

J'étais fatiguée de tout ça. Épuisée d'être sur le qui-vive en permanence, aux aguets sans relâche pour tout ce qui concernait ma sécurité. Car il était évident qu'il ne cherchait pas - plus – à m'aider. Mais à assouvir son propre intérêt.

Pourquoi ?

Dans quel but ?

Des questions qui semblaient vouées à rester sans réponse.

—M'oblige pas à me servir de ce p'tit joujou, Sara, dit-il en rangeant son semi-automatique sous son tee-shirt. Contente-toi de faire ce que je t'ai dit. Entiendes ?

Sa phrase terminée, il tourna les talons en claquant la porte de la salle de bain derrière lui. Mes muscles se relâchèrent tandis que des sanglots vinrent obstruer ma gorge. Tête basse et yeux clos, je cherchai un échappatoire à une situation pourtant sans issue.

Fataliste, je me débarrassai de mes derniers vêtements avant d'amorcer un pas dans la cabine de douche. Sa taille était taille démesurée et une céramique opaline aux formes géométriques recouvraient ses murs. Pressée d'en finir, j'attrapai le premier flacon que j'aperçus puis en versai dans le creux de ma main avant d'allumer l'eau. Visage levé, paupières fermées, la chaleur effectua rapidement son œuvre en se déversant sur ma peau, m'enveloppant d'un sentiment de bien-être réconfortant et apaisant.

En apparence.

Ma poitrine était serrée, mon estomac noué. Pour autant, j'appréciai presque cette petite parenthèse. Des senteurs de menthe et de mandarine s'échappèrent au fur et à mesure de mes gestes. Sur mes cheveux, de ma nuque à mes épaules, de mon ventre à mes jambes. Les effluves du savon se mêlèrent peu à peu à cette impression de cocon dans laquelle je me laissai bercer.

Un calme illusoire.

Une trêve utopique.

Qui au final ne faisait que repousser le moment tant redouté. Cependant, je ne comptais pas me laisser faire sans réagir. Même si je ne savais de quoi il s'agissait, l'intérêt soudain qu'il me portait n'était pas anodin. Il devait cacher quelque chose d'important.

À moi de m'en servir à bon escient afin de sauver mes fesses.

Reboostée par cette étrange mais néanmoins possible conclusion, je coupai l'eau et sortis de la cabine aux vitres embuées. Sauf que mon cœur eut un énième raté de la journée quand je découvris une jeune femme, sourire aux lèvres, au beau milieu de la salle de bain.

—Tiens, dit-elle en me tendant une serviette.

Méfiante mais tout de même consciente d'être entièrement nue devant une parfaite inconnue, je m'en emparai aussitôt pour l'enrouler autour de moi.

La combinaison rouge qui l'habillait soulignait à la perfection sa silhouette fine et élancée. Plus grande que moi, des cheveux blonds coupés au carré et un visage de poupée maquillé avec légèreté, elle était magnifique.

Était-il possible d'être jalouse d'une personne que l'on ne connaissait pas ? Car là, clairement, j'étais jalouse.

—Merci, lâchai-je d'une voix suspicieuse en arquant un sourcil. Mais... vous êtes qui ?

INCANDESCENT Où les histoires vivent. Découvrez maintenant