TOME 3 - SAGA TROIS MOIS SOUS SILENCE
Réfléchir. Il me faut réfléchir, pour mieux agir. Pour mieux lutter contrer le mal qui me ronge.
Séléna Brand n'en a pas fini avec Alastor, mais la Bête, aussi terrifiante soit-elle, devra attendre. Tapie dans l...
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Les Bruxtias n'ont pas de forteresse à détruire, et si la grande prêtresse meurt, une autre prendra rapidement sa place. Les Chasseuses sont le maillon faible des Bruxtias. Leur unique faiblesse.
Journal d'un Agent, Prima Agence
Lorsque je raccroche enfin avec ma mère, je me sens un peu plus apaisée. Mais il me faut un seul regard en direction du Vanpir pour que remontent toutes mes angoisses et mes craintes. Quittant l'abri sûr que m'offraient mes chevaux, je me glisse jusqu'à Dimitri, resté au bout de la corniche. M'avançant à l'extrémité de la falaise, mon attention dérive plus bas, où les Bruxtias, comme je le pensais, sont en train de récupérer le corps de leurs sœurs, tombées au combat. Plus d'une fois, j'en vois une jeter un regard dans notre direction. Elles nous maudissent probablement, mais je ne tire aucun regret. Ou, un seul. Qu'elles se soient lancées sur nos traces.
- Que faisons-nous ? soufflé-je à l'attention de Dimitri.
Le Vanpir, perdu dans quelques sombres réflexions, se frotte le menton d'un air qui pourrait être ennuyé, s'il se laissait traverser par une quelconque émotion. À la place, il me coule son habituel regard insondable, avant de récupérer le téléphone reposant dans ma main tendue.
- Nous attendons. Ils sont partis chercher les chevaux, m'apprend-il en rangeant le portable dans sa veste. S'éloigner de toi leur fait du bien. Ebyorn les accompagne.
- Ils vont croiser les Bruxtias, m'inquiété-je aussitôt.
Profitant du fait que nous soyons seuls, je demeure proche de lui. Plus que je ne me le permets, en général. Malgré la situation, qui ne se prête absolument pas à ce genre de rapprochement, mon cœur rate un battement, en le voyant demeurer à deux pas de moi. Il l'entend, bien sûr, mais n'en montre rien.
- Les chevaux se sont éloignés plus au nord, me détrompe-t-il, haussant la voix, face aux bourrasques de vents. Ils vont mettre un peu de temps pour les récupérer, étant donné que le seul à pouvoir les rassembler, pendant les combats, se trouve avec toi.
Il a un geste, en direction de mes montures, et il me semble que le bâillement de Duman est quelque peu exagéré.
- Et il vaut mieux qu'ils se tiennent un peu éloignés, pour l'instant, conclut sévèrement Dimitri, n'ayant rien vu de l'attitude de l'étalon.
Sa voix n'a pas changé, mais je le sens plus tendu, proche comme je le suis de lui. Cela a tôt fait de me ramener au Vanpir.
- Ils ne se sont pas...
- Calmés ? Ils ont repris une forme plus civilisée, me répond-il, en se passant de détails. Il leur faudra pourtant quelques instants pour se remettre de ce qu'il vient de se passer.
Face à ma crainte évidente, Dimitri fait alors quelque chose de totalement imprévu. Il fait un pas vers moi, réduisant l'espace entre nous à quelques centimètres à peine. Sa paume s'élève, effleure mon visage découvert. La trace qu'il laisse est invisible, mais me frappe en pleine poitrine. Les âmes jumelles, j'ai pu suffisamment l'observer à la longue, ont la particularité de se sentir proches, même lorsqu'ils sont éloignés. Et dès qu'ils se touchent, des étincelles se créent.
