TOME 3 - SAGA TROIS MOIS SOUS SILENCE
Réfléchir. Il me faut réfléchir, pour mieux agir. Pour mieux lutter contrer le mal qui me ronge.
Séléna Brand n'en a pas fini avec Alastor, mais la Bête, aussi terrifiante soit-elle, devra attendre. Tapie dans l...
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Toute espèce a son point de départ, et le Garvalf a longtemps séjourné au Pays de Galle, avant d'immigrer et de se répandre sur la terre entière. Tous les dix ans, une migration massive est observée, pour se rendre sur ces terres ancestrales. Notre juridiction ne s'étend pas sur ce territoire, gardé par un alpha refusant toute forme de collaboration.
Rapport établi sur les Garvalfs, étude de l'Agence de Nairobi
Notre arrivée à Johannesburg se fait sous une pluie fine, qui amène aussitôt une chape de plomb sur ma tête. Les températures sont relativement agréables, pour le pays, mais bien trop élevées pour moi, qui ai dû supporter le froid et le vent pendant plusieurs jours. L'écart va me rendre malade, avec la chance que j'ai.
- Un rhume au milieu des Garvalfs, ça promet de belles soirées en perspective, marmonné-je dans ma barbe.
Luka, qui ne peut m'entendre avec son casque sur les oreilles, manque de s'étaler par terre à mon arrêt, et je le retiens difficilement, un juron sur le bord des lèvres.
- On a du mal, avec son rôle de nounou ? s'amuse Bregolas, en nous dépassant, son sac sur l'épaule.
- Un coup de main, peut-être ?
Il m'offre un clin d'œil, avant de s'excuser, déjà sur l'escalator. Grommelant derrière, j'accompagne Luka jusqu'aux marches, et nous descendons lentement, le gros de la troupe devant nous. Seul Dimitri surveille nos arrières, et se tient suffisamment éloigné pour ignorer sa position exacte. Même si je sais qu'il est là. Nous avons tâché d'être discrets, et de n'emprunter que des couloirs soit extrêmement fréquentés, soit à l'abri de la plupart des caméras. Pour le reste, je me fie aux sens de mes compagnons, et au flair de notre Garvalf. Celui-ci finit par repérer son confrère, qui nous attend déjà, appuyé contre un pilier, non loin d'une porte de sortie. Même de là où nous nous trouvons, je suis parcourue d'un frisson, propre à chaque rencontre avec un... monstre. Et celui-ci est puissant. Très. Trop.
De la même corpulence que Bregolas, il aborde des traits européens et un teint pâle, allant de pair avec des cheveux blond vénitien rabattus en arrière. À mesure que nous nous approchons, je vois ses yeux, tout aussi marron que son comparse, nous passer au crible, cherchant à comprendre notre dynamique. Son attention se pose un peu plus longuement sur Luka, que je tiens par le bras, avant qu'elle ne dérive vers son compagnon, qu'il n'a pas vu depuis longtemps. De loin, Brakon passe pour un homme lambda en vacances, avec son short et son t-shirt gris. Mais plus nous avançons, plus il est facile de deviner une carrière dans l'armée. Il est trop tendu, trop sur le qui-vive pour être en vacances. Et, malgré que je ne sois plus souvent sur la toile, je peux sentir hurler toutes les fibres de mon être, en réponse à sa présence. C'est un Garvalf qui nous fait face.
- Brakon, le salue Bregolas, avant de tendre sa main libre vers lui.
Le nouveau venu l'observe un instant, lui et sa main tendue, avant de s'incliner, jusqu'à ce que les doigts de l'alpha effleurent sa nuque. Cet échange est étrange, pour qui regarde bien. Mais les voyageurs sont pressés, autour de nous, et ne nous portent guère d'attention. Bregolas embrasse la tempe de son bras droit, avant de lui claquer l'épaule. Un tapotement pour eux, une gifle pour moi, qui m'aurait sans doute envoyé au sol.
