TOME 3 - SAGA TROIS MOIS SOUS SILENCE
Réfléchir. Il me faut réfléchir, pour mieux agir. Pour mieux lutter contrer le mal qui me ronge.
Séléna Brand n'en a pas fini avec Alastor, mais la Bête, aussi terrifiante soit-elle, devra attendre. Tapie dans l...
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Grâce aux Bruxtias travaillant avec nous, nous savons leurs puissances, et apprenons chaque jour à cohabiter avec leurs affinités. Car celles-ci sont des prolongations de leur être. Certaines peuvent ainsi créer d'immenses arbres en un claquement de doigt, modifier la météorologie ou embraser un bâtiment. D'autres jouent avec les vivants. Les meilleures sont même capables de façonner des créatures. Des monstres.
Extraits de l'encyclopédie des monstres, Prima Agence
Comme en transe, Stevan interrompt brusquement tous ses gestes et reste immobile, les yeux fixés sur les compresses. Celles, usagées, couvertes de mon sang. Lorsqu'il penche la tête, j'ai le déplaisir d'apercevoir son regard, et retiens difficilement un frémissement de terreur. Ses pupilles, rétractées à la verticale, ont remplacé son doux regard chocolat. Cet aspect, parmi toute sa panoplie de Domovoï, est définitivement celui que j'abhorre le plus. Parce qu'il l'éloigne définitivement de moi. D'un être humain. Alors que je vois ses mâchoires s'écarter, dans un léger bruit de déglutition atroce, un grondement s'échappe de la gorge de Dimitri. Prédateur contre prédateur.
- Stevan ! aboie le Vanpir, sa voix claquant dans le silence nous entourant. Reprends-toi.
Comme sauvagement foudroyé, son prince relâche précipitamment les cotons, avant de nous adresser un regard hautement coupable. Ses pupilles, à nouveau rondes, me permettent de rester immobile, lorsqu'il déplace sa main jusqu'à la mienne, et m'offre une brève caresse d'excuse. Cela ne m'empêche pas de tressaillir à son contact. Il le sent, aussi bien que moi, et m'adresse aussitôt une œillade mortifiée.
- Léna, je suis...
- Passons à autre chose, l'arrête aussitôt Dimitri, qui enfonce plus durement ses doigts dans la chair tendre de mon épaule, sans même s'en rendre compte. Et avançons.
De contrit, le regard de Stevan se part d'une autre lueur. Celle d'une jalousie clairement disproportionnée. Celle d'une colère, non camouflée. Pour Dimitri, à jamais. Contre Baranov, toujours. Parce qu'il l'a trahi, en lui cachant le fil rouge entre nous, que Dimitri a aussitôt senti en me découvrant, pour la première fois. Et cette première fois, Stevan ne peut l'encaisser. Car c'était son moment, son instant volé, dans cette maternité.
- Ne va pas me dire que tu ne ressens rien ! lui renvoie Stevan d'un ton sec. Tu es exactement comme moi, dévoré par l'odeur de son sang, obligé de museler davantage cette faim redoutable.
Malgré le discours inquiétant de mon ami, je tente de recentrer l'échange.
- Dimitri est probablement le Vanpir le plus à même de supporter le sang humain, étant donné qu'il possède quelques particularités uniques...
Je les connais de sa bouche. Et celle m'intéressant est sa résistance au sang humain, petite individualité qui l'a placé en tête de liste, pour mener une mission. Celle de me rejoindre, pour une formation à l'Agence parisienne. Stevan, soudain bien froid, me jette un regard désobligeant. Parce que lui sait, tout comme moi, d'où vient l'originalité de Dimitri. D'un héritage qu'il ignore totalement...
