TOME 3 - SAGA TROIS MOIS SOUS SILENCE
Réfléchir. Il me faut réfléchir, pour mieux agir. Pour mieux lutter contrer le mal qui me ronge.
Séléna Brand n'en a pas fini avec Alastor, mais la Bête, aussi terrifiante soit-elle, devra attendre. Tapie dans l...
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Avant-propos : pour ceux n'ayant pas lu le chapitre précédent, Alastor est arrivé, pour punir Léna de son impudence. Il assassine Alemona et Marylissa sous ses yeux, la punit, en lui promettant mille tourmants si elle s'oppose encore à lui. Autant dire que nous retrouvons Léna avec de profonds traumas.
- Voilà, voilà, amusez-vous bien ! -
Nos prises de contact avec le prince Domovoï se sont toujours soldées par des échecs. L'on dit de Stevan Ivanov qu'il est comme son père, et ne fait que tolérer notre présence sur ce monde. Lorsque viendra le jour où il prendra la place d'Isidore, il faudra nous attendre à de profonds changements. Et à la possible fermeture à tout moyen d'échange avec eux.
Réunion officielle annuelle, 1976, dix membres des leaders mondiaux de l'Agence absents
Dans un état second, je vois Dimitri pénétrer dans la salle, les crocs découverts et les yeux luisant de mille feux. Des yeux, qui, malgré la lueur d'humanité, ressemblent bien trop à ceux de son père, en cet instant. Comme moi quelques minutes avant, il se fige en découvrant la scène terrifiante que nous lui renvoyons. Akim et Bregolas font à leur tour leur entrée par la porte principale, et demeurent, eux aussi, retenus par l'horreur. J'entends mon nom, lorsque Stevan bouscule Dimitri pour lui passer devant, mais je ne réagis pas. Je ne réagis pas plus lorsque Dimitri s'agenouille là où, plus tôt, son père s'agenouillait. Là où, plus tôt, son père dévorait le cœur de la Bruxtia. Baranov me dévisage, me parle, mais je ne l'entends pas. Stevan prend sa place et attrape délicatement ma tête dans le creux de sa main, sans obtenir le moindre clignement de cils de ma part. Parce que je glisse, glisse derrière Stevan, pour m'arrêter sur Markel. Serrant toujours la dépouille déchiquetée contre lui, il laisse de temps à autre échapper une plainte aiguë, preuve est de son tourment. Face à pareil spectacle, les hommes se secouent et observent autour d'eux, révulsés, en colère. Et perdus.
- Mais qu'est-ce qui s'est passé ici, par l'invisible ? souffle Stevan, en me relâchant. Dimitri, tu n'as rien vu ?
- Non. J'ai démoli la porte et j'ai trouvé... ça.
Il fait un geste vers le salon et la pièce devient silencieuse quelques instants. Même Markel s'est tu, le regard braqué sur moi. Son attention me sort quelque peu de ma léthargie, et je croise ses yeux, vides, creux, sans vie. Comme ceux de son âme jumelle. Mais l'absence ne dure pas. Bientôt, elle s'en va, remplacée par un orage furieux. Une catastrophe, tournée dans ma seule direction. Avant que quiconque ait le temps de réagir, le Domovoï relâche le corps de Marylissa pour fondre sur moi, déjà à moitié transformé. Je le vois, à ses yeux fous. Je le vois, qu'il vient me tuer. Il n'en a pourtant pas l'occasion. Il s'écrase sur moi, déchirant le tissu de ma veste, au niveau des épaules, mais il ne va pas plus loin. Bregolas et Akim l'empoignent et le rejettent en arrière, avant que ses serres ne s'abattent sur mon visage. Mais je ne réagis toujours pas. Je l'aurais même volontiers laissé faire, car peu m'importe la mort lorsque l'on a côtoyé le monstre. Blessée, meurtrie est mon âme. Et lorsque je baisse les yeux, je découvre que le cauchemar continue. Nous aurions pu en rester là, le calme revenu.
