TOME 3 - SAGA TROIS MOIS SOUS SILENCE
Réfléchir. Il me faut réfléchir, pour mieux agir. Pour mieux lutter contrer le mal qui me ronge.
Séléna Brand n'en a pas fini avec Alastor, mais la Bête, aussi terrifiante soit-elle, devra attendre. Tapie dans l...
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Nous ne possédons que peu d'informations sur la magie. Les Garvalfs ne l'ont jamais maîtrisé, les Domovoï demeurent muets à ce sujet. Seules les Bruxtias parlent de cette énergie inconnue, mais en des termes délibérément flous. Elles parlent d'une extension de leur propre corps. Une seconde nature, semblable aux secondes formes que prennent les deux autres races. Nous estimons assez justement que si la magie venait à revenir, ce serait une catastrophe. Pour nous.
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Je parle. Longtemps. Longuement. Jusqu'à ce que je n'en puisse plus, et que je n'ai plus rien à dire. J'ai tout dévoilé. Tout. De l'instant où mes cauchemars me sont apparus, à la dernière conversation que j'ai eue avec Lissa. Je n'épargne aucun détail. Ni ma puissance, qui me permet de balancer un humain contre un mur ou de dompter un Domovoï en pleine crise, ni mes faiblesses, qui me poussent à me croire folle. Je me mets à nu, dans cette pièce silencieuse. Plus d'une fois, la main de Stevan est venue, compatissante, se poser sur mon genou. Plus d'une fois, j'ai senti les yeux brûlants de Dimitri glisser sur ma nuque. Comme pour m'apporter la force venant à me manquer. Celle qu'il ne peut me donner autrement, sans éveiller la rage de Stevan. Une fois terminé, je suis essoufflée, en nage d'avoir revécu tous ces souvenirs, mais satisfaite de voir le visage concentré de la Bruxtia. Parce qu'elle me croit, maintenant.
- Comprenez-vous la raison de notre présence, maintenant ? lui souffle Stevan, glissant ma main entre les siennes. Il faut l'aider. Et, plus important que tout, il faut arrêter la Bête, avant qu'il ne soit trop tard.
- Avant qu'elle ne parvienne à briser les barreaux de sa cage, conclut Alemona, le regard dur.
Elle hoche la tête, résolue, avant de quitter le canapé. Songeuse, elle ne nous donne aucune explication, et se contente de se rendre de l'autre côté de la pièce. Après une seconde de battement, je me lève à sa suite, entraînant les autres avec moi. Nous passons derrière le paravent, et je me positionne de l'autre côté de la table de laboratoire, en face d'Alemona. En pleine recherche, feuilletant plusieurs grimoires à la page jaunie, elle finit par s'arrêter sur l'un d'eux. Le retournant, elle le lâche entre nous, écartant prestement les fioles d'un geste impatient, avant de tapoter la page ouverte. Celle-ci se dévoile et, à mon grand effarement, présente l'exacte marque que je porte à mon bras droit. La première.
- C'est...
- Un grimoire de magie, m'apprend-elle, glissant ses mains sur le papier épais. Ma grand-mère a vécu avec les dernières Bruxtias maîtrisant cet art ancien, et a tenu à retranscrire la moindre information, même si elle-même ne pouvait les exploiter. Mais moi, j'y suis parvenu. J'ai réussi à éveiller cette magie, pourtant disparue. Les créatures que vous avez dû affronter sont le fruit de mes recherches.
Elle me désigne un croquis, accroché sur une étagère en bois. Les panthères à huit pattes sont esquissées sur un dessin au fusain, et, malgré l'agressivité des bêtes, je reconnais le talent du dessinateur.
