Chapitre 34 🥀

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Il est une fois du blanc, blanc, blanc

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Il est une fois du blanc, blanc, blanc... rouge écarlate.

Les dalles d'un blanc éclatant sont mouchetées dorénavant, adoptant la même nuance que les amas de chair répandus au centre de la pièce. Les dalles deviennent sombres, presque trop obscures, presque transparentes dans la semi-obscurité qui les entoure. Noires soudainement, elles adoptent la froideur des lieux, se fondant dans le décor et mettant en lumière l'empire, le sacre et la fin.

Ecrits d'Isidore Ivanov, retrouvés à la porte de la salle du trône, et consignés par son frère

Un sourire froid plaqué sur les lèvres, la tête haute, Bregolas traverse la foule aisément, tous les Garvalfs s'écartant vivement sur son passage. De mon perchoir, la scène paraît surréaliste, tant je sais que l'alpha de France ne se rend même pas compte de ce qu'il crée. Une synergie, en pleine tempête. Trop occupé à dévisager sa cible d'un mauvais œil, Bregolas manque les regards émerveillés, et ceux, plus inquiet, lancés vers Stevan. Mon ami, qui en a vu bien d'autres, marche dans ses pas, se désintéressant de la plèbe pour fixer le jeune Garvalf, toujours au beau milieu du demi-cercle. Il n'y a aucune trace d'Ebyorn ou de Luka, en revanche. 

Sans se presser, Bregolas rejoint Midir, l'ignore royalement et grimpe sur la table, aux côtés de Brakon, véritable chevalier revenant vainqueur de guerre. Sa taille démesurée lui permet de toiser Midir de toute sa hauteur, et de présenter sa figure blessée à la masse de monde agglutinée en bas du promontoire. Un rappel important, de tout ce qu'il a perdu au prix de la liberté. Je dois cependant reconnaître un certain courage chez Midir, qui, malgré le fait qu'il n'en mène pas large, ne recule pas, faisant preuve d'une certaine bravoure. Ou d'une grande stupidité. Brakon donne une accolade à son alpha, affiche un sourire carnassier à l'attention du jeune Garvalf, avant de rejoindre Druvath et les autres, à la lisière du demi-cercle, formé par les admirateurs de Midir.

- Qu'est-ce que tu fais là ? demande abruptement le traître, sans détour.

Bregolas l'observe un moment, avant de lui sourire à nouveau, en croisant les bras. Lorsqu'il fait cela, ses biceps semblent doubler de volume, le faisant paraître encore plus musclé qu'il ne l'est déjà. La comparaison que j'avais faite, à nos débuts, avec un certain catcheur n'est clairement pas usurpée. Il glisse un doigt sur sa cicatrice et le regard de la foule entière se porte sur son visage.

- Sais-tu quand j'ai reçu cette cicatrice ?

Question rhétorique. Midir l'a bien compris et ne pipe mot, laissant son adversaire prendre les devants, face à toute la meute. Toutes les meutes.

- En bataillant aux côtés de ton géniteur.

Bregolas fait ensuite un tour sur lui-même, s'attardant sur plus d'un visage, avant de reprendre, d'une voix plus grave, plus profonde.

- J'ai combattu dans la plupart des grandes guerres de nos peuples. J'ai lutté avec vos pères et vos mères, vos frères et vos sœurs, avec vous et sans vous. J'ai obtenu cette cicatrice, ajoute-t-il en désignant sa blessure, et je suis fière de la porter aujourd'hui. Car, chaque jour, lorsque je croise mon reflet, je prends conscience d'à quel point la vie est courte. Et si je suis encore vivant, c'est grâce à mes compagnons qui ont sacrifié leur chance de voir grandir leurs enfants pour moi. Pour nous.

Trois mois sous silence - L'Etincelle (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant