Trois mois sous silence - L'Etincelle (Tome 3)

Chapitre 23 🥀

L'étude de la structure osseuse et de tissus prélevés sur un Garvalf nous a permis d'étudier de près le métabolisme si changeant de cette espèce. Les découvertes dépassent nos attentes. Notre entente avec eux nous ont permis de mettre en lumière un détail. Leur faiblesse. Nous avons trouvé un moyen d'arrêter leur transformation, alors même qu'ils ne l'ont pas achevé.

Extrait du Bestiaire Ancestrale, bibliothèque de la Prima Agence

Comme promis, Bregolas n'est pas long. Et, comme assuré par Stevan, son signal ne peut être loupé. Son hurlement est si dérangeant que je manque de tomber de selle en l'entendant. Les chevaux, percevant ma panique ou ayant une simple réaction de proie à prédateur, font des pas de côtés, nerveux. Ebyorn s'empresse de râler après Bregolas, qui lui a refilé son cheval, tandis que j'apaise les miens tout en tentant de reprendre le contrôle sur mes propres émotions. Notre entrée en ville ne se fait pourtant pas sur le dos de nos montures. À notre approche, une vieille jeep, dans un parking désert, nous fait un bref appel de phares, avant que des Garvalfs n'en émergent. Aucun ne se présente, si ce n'est le conducteur, qui nous assure aussitôt que nos chevaux seront de retour au petit matin. En silence, l'on nous conduit ensuite à une grande maison, à l'extrémité de la ville. Là, on nous répartit des couchages dans diverses pièces, et je ne cherche pas à comprendre où nous nous trouvons. Bregolas ne se montre pas, préférant, d'après les dires de notre hôte, chasser avec ses paires. Si les autres sont plus méfiants, je tombe sur le premier matelas venu, et me laisse happer par le sommeil. Cela ne dure pas. 

Mon réveil, en fanfare, alerte toute l'équipe, qui ne tarde pas à se retrouver à mon chevet, cherchant la menace. Si elle est bien là, personne ne peut l'affronter, et je ne demande que les bras de Stevan, pour tenter de repousser mes cauchemars le plus loin possible. Car, dans ces instants-là, rien ne prévaut la présence de mon meilleur ami. Pas même mon âme jumelle, qui me fixe du pas de la porte, torturé par mes sursauts de panique. Mes hurlements de terreur ayant secoué tout le monde, nous ne tardons pas à reprendre la route, après un repas sommaire, préparé par une Garvalf tout aussi mutique que les autres. Je tente bien de balbutier quelques mots dans un russe coupé au couteau, mais son attention ne quitte pas Stevan de tout le repas, comme si elle s'attendait à tout moment à ce qu'il bondisse sur elle. Ça aurait pu se produire, si elle s'était montrée plus agressive. Entre ma crise matinale, et la situation, le Domovoï est sage, mais cela peut changer à tout instant. Le même conducteur vient nous récupérer directement dans la rue, et nous emmène dans le même parking, à la sortie de la ville. Des voitures occupent quelques places, mais personne ne se trouve dans les environs. Vu l'heure, les témoins de notre passage, s'il y en avait, ne se seraient pas montrés trop curieux, vu l'apparence de notre troupe. Nous passons une petite butte, avant de nous retrouver dans un terrain vague, à l'abandon. Bregolas, sous sa seconde forme, nous attend déjà, accroupi, aux côtés de nos montures. 

Soulagée de retrouver mes compagnons de route en bonne santé, je m'avance pourtant prudemment, en scrutant attentivement l'énorme animal assis à côté d'eux. Ainsi accroupi, le haut de son crâne atteint tout de même le garrot des chevaux, et sa gueule dépasse largement le crâne des équidés. De quoi rendre n'importe qui prudent. D'autant que je ne l'avais encore jamais vu autrement qu'entouré par mes amis. Le voir à côté des chevaux, aussi proches d'eux, le rend bizarrement plus proche d'une normalité à laquelle je ne me fais pas. Et à laquelle je ne me ferais sans doute jamais. Percevant l'attention permanente de Stevan sur moi, je me reprends, avant d'aller saluer Duman et Asman, heureux de me revoir. Je les observe minutieusement, mon amour grandissant de jour en jour pour ces deux splendides animaux, puis claque la langue, forçant Stevan à détourner le regard.