L'amour N'est Pas Une Erreur

Chapitre 19

Octavia n'y est pas allée de mains mortes, c'est un miracle que le type tienne encore debout. Il s'est péniblement assis sur un tabouret haut comme cinq pommes. Nous lui faisons face et attendons qu'il se lance dans sa tirade. Un sourire effleure ses lèvres en sang, au moins il n'a pas perdu son sens de l'humour de tout à l'heure.

- Toute l'assemblé est présente, c'est déjà ça !

- On a pas de temps à perdre, nous t'écoutons. Réfléchis bien aux bobards que tu comptes nous sortir, m'impatientai-je.

- C'est qui cette fameuse nana, demande Murphy.

- Toutes les histoires ont un commencement, ce serait dommage de débuter par la fin. Permettez-moi de reprendre un peu mon souffle, c'est la moindre des choses après l'accueil que vous m'avez réservé.

- Fallait pas nous faire chier, rétorque Écho.

- C'est pas faux!

- Vous avez besoin de vous désaltérer? On peut aussi vous administrer les premiers soins, propose Niels.

- Se serait bien aimable à vous mais, un verre d'eau suffira pour le moment.

- Tenez, se presse soudain Jordan qui jusque-là était aux abonnés absents.

- Merci jeune homme, ne faites donc pas cette tête la. Je vais m'en sortir, ma tortionnaire a eu des gants de velours contrairement à ce qui m'avait paru au départ.

- Je peux enfiler mes gants de boxe si vous préférez !

- Non ce serait bien dommage, passons !

Xavier

Je n'ai jamais autant aimé une femme. Il faut dire que Joséphine a de quoi faire tourner la tête à n'importe qui sur cette planète. Elle n'est vraiment pas comme les autres, je me rappelle encore la première fois où elle s'est blessée. Je n'avais jamais vu ça avant, du sang noir s'écoulait de ses veines. J'ai tout de suite remarqué la crainte dans son regard, ce n'est pas facile d'être différente. J'étais tellement raide dingue de cette fille que même si elle avait eu des tentacules à la place des yeux, je n'en aurais eu cure.

- T'es bien le premier à ne pas flipper en voyant la couleur de mon sang, me dit-elle.

- C'est génial, ça te rends encore plus spéciale.

- Vraiment, t'es un brin bizarre ! Pour les autres, je suis un monstre même mon père n'aime pas quand je le montre autour de moi.

- Il a bien tort, ça se voit que t'accompliras de grandes choses.

- Je t'aime bien toi, m'embrasse-t-elle sur la joue gauche tout en souriant.

Joséphine, le grand amour de ma vie mais aussi mon plus grand cauchemar. Lorsqu'elle est tombée malade, je ne m'y attendais pas surtout que rien ne parvenait à la guérir. Alors pour ne pas la perdre, j'ai transféré son esprit dans une puce électronique. J'avais énormément bouquiné sur le sujet mais tous les essais menés jusqu'alors n'avaient pas abouti. Je commençais à désespérer lorsque j'eus l'idée de créer une lignée propre de sang noir. Les premiers test furent un fiasco total mais je n'abandonnais pas. Je désirais tellement la revoir et la reprendre dans mes bras que plus rien n'avait d'importance à mes yeux. J'avais la soixantaine lorsque je parvins enfin à créer mon tout premier sang noir. C'était une jeune fille de quatorze ans, ce fut un succès total. Ma Joséphine était finalement de retour auprès de moi.

- Attendez un instant, vous avez ramené quelqu'un à la vie, s'intéresse Niels.

- Pas vraiment, j'ai juste fait passer son esprit dans un autre corps, grimace-t-il.

- Waouh, c'est dément ! Vous êtes entrain de me dire que vous avez découvert la source de l'éternité ?

- T'es pas bien toi où quoi Niels? Ce type est un monstre qui a tué, je ne sais pas combien d'innocents juste parce qu'il ne pouvait pas faire son deuil comme les autres, s'énerve Raven .

- Et toi qui t'inquiétais de son sort, il y a peu rigole Écho.

- Désolée si moi j'ai un cœur qui bat toujours Écho, assène-t-elle à cette dernière.

- C'est ton grand amour qui séquestre mes enfants en ce moment, dis-je calmement les interrompant toutes deux.

- Pas du tout! Si tes amis me laissaient aller jusqu'au bout de mon histoire, ce serait déjà ça !

- Personne ne t'empêche de poursuivre, lance ma petite sœur sur le côté.

- Elle, je la kiffe grave !

Xavier

Joséphine a trouvé un moyen de me ramener moi aussi, on a une seconde chance de vivre notre amour. Mais pour vivre en paix, il nous faut inventer une histoire pour que les autres ne se rebellent pas contre nous. Joséphine pense à tout, elle a le concept parfait "Princeps". Elle en sera la matrice, l'unique immortelle a porté ce titre. Cela me va, je n'ai pas l'âme d'un gouvernant. Je suis un scientifique. Alors que Joséphine gouverne, moi j'approfondis mes recherches. Un jour, elle m'apprend la plus belle nouvelle de ma vie. Je vais devenir père, je peux enfin mourir en paix.
C'est un garçon, il est blond comme sa mère. Nous l'aimons tellement puis, à huit ans, il meurt subitement. Je n'y comprends rien, il n'est pas le seul dans ce cas là. En fait, tous les garçons nés et ayant le sang noir meurent sans raison à huit ans. Seuls les enfants de sexe féminin survive mais, elles sont très peu à naître ici avec ce sang la dans les veines. Joséphine est dans tous ses états, c'est le second fils que nous perdons.

- Vous avez trouvé une solution à ce problème ? Je l'interrompt parce que moi aussi j'ai un fils né ici de façon peu orthodoxe avec du sang d'ébène.

- Je suis parti, Joséphine n'était plus là femme que j'avais aimé. Elle ne voulait plus lâcher prise, moi j'étais épuisé. Trop de vies avaient été arrachées à leurs propriétaires et privées de rêves. Je n'y arrivais plus mais ma femme, elle en voulait toujours plus.

- Vous ne savez pas pourquoi les garçons au sang d'ébène ne dépassent leur huitième année, interroge Raven.

- Non je l'ignore !

- Je suppose quand partant vous avez détruit tous vos travaux, privant de ce fait votre Joséphine d'un nouveau corps préparé pour elle. Elle m'a pourtant paru bien jeune dans la mémoire de la salle visionnée tout à l'heure, vous n'avez pas dû la quitter depuis longtemps.

- Miller, c'est bien ça ! Vous avez raté quelques points, c'est moi qui ai été obligé de me glisser encore dans un autre corps. Ne me regardez pas comme ça, j'ai pas eu le choix !

- Quoi on vous a mis un couteau sous la gorge pour revenir scoater le corps de ce pauvre type, demande Raven de plus en plus courroucée.

- C'est à peu près cela! Joséphine n'a pas eu la même chance que moi, vraiment quelle ironie ! Elle est morte, il y a quelques années enfin juste l'enveloppe qu'elle habillait à ce moment là.

- Si ce n'est pas votre Joséphine qui a kidnappé mon neveu et ma nièce, qui est-ce alors ????

- C'est ma fille !