Chapitre 12

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Nous sommes presque arrivés au Camp. Je me réjouis de la réussite de notre mission. Enfin, j'aurai la place qui me revient de plein droit. Ils ont tous douté de moi, tous sans exception. Certains m'ont même traité de folle, la seule raison pour laquelle je respire encore, c'est à cause de ma mère : la grande prêtresse. Sans son sang coulant dans mes veines, j'aurais été jetée en pâture aux mitrans. Ces créatures féroces qui rôdent dans cette horrible forêt.

- Prête !!?

- Plus que jamais Gabriel. J'attends ce moment depuis plusieurs lunes. Il va regretter son choix, ça je peux te l'assurer.

- Je vois que cette rancœur ronge toujours autant ton cœur.

- Tu as été le seul à me soutenir lorsqu'ils m'ont tous tournés le dos. Tu m'as suivi sans broncher dans mon exil et, pour cela je t'en serais éternellement reconnaissante.

- Ce n'est pas ta reconnaissance qui m'intéresse mais, je m'en contente quand-même. Alors Priya, es-tu prête pour la suite des hostilités ?

- Plus que jamais.

Gabriel

Une boule me serre l'estomac, je ne pensais pas remettre les pieds au Camp un jour si proche. Nous sommes partis d'ici comme des proscrits, nous n'avons survécu que par pure chance. J'ai suivi Priya plus parce que je l'aime que parce que j'ai cru une seconde à sa quête. Pourtant, elle a toujours eu raison sur toute la ligne. Des années durant, elle a été traitée comme la Cassandre de notre Camp. Même mon frère avait insisté pour que je revienne à la raison lorsque j'ai décidé avec quelques uns des nôtres de la suivre dans son exil. Maintenant, je reviens en héro.

Priya

Je vais tous les réduire à néant pour leur trahison, elle et lui, surtout. En attendant que ce jour béni n'arrive, je vais devenir la femme qu'ils ont douté que je devienne un jour. Je vais faire disparaitre leur emblème de pouvoir. Ils vont s'en mordre les doigts ; ils vont regretter de ne pas m'avoir donné aux mitrans.

Les portes du Camp s'ouvrent en grand. Comme dans son souvenir, rien a bien changé. Les castes inférieures sont toujours acharnées aux travaux champêtres, c'est à celle-ci qu'appartient la jeune Morgane.
Cette dernière observe la scène avec un pincement au cœur si, elle n'était pas partie, elle aussi aurait atterri à la même place que ces gens-là.

Morgane

Aujourd'hui, je reviens chez moi mais je ne suis plus là petite fille d'antan. J'ai changé mon étoile, je ne suis pas demeurée là comme mon frère à subir les choses des autres pour ma vie. Avec ce que Priya rapportait en ces lieux, elle avait l'assurance d'être parmi la nouvelle garde de la véritable reine de Prométhée.

Soudain, une silhouette bien distincte sort de la foule. Elle s'approche et intime aux gardes de demeurer en alerte. Priya descend du coche prestement, l'on peut entendre des murmures de stupéfaction s'élever du milieu de la foule. Certains scandent même sans retenue: folle! Priya n'en attendais pas mieux de son peuple, il l'avait toujours méprisé. Elle survola l'assemblé sans être démontée par leur accueil, elle si était attendu. La jeune femme qui avait rejoint son groupe prit finalement la parole.

- Tu as été bannie, tu n'as rien à faire en ces lieux. Va-t-en de suite, intime la jeune femme à la peau d'ébène.

- Quel plaisir de te revoir et de te retrouver Amélia ! Le temps n'a aucunement altéré ta hargne à mon égard, c'est bon à savoir. Où est donc mère pour que je la salue.

- Gardes escortez la, elle et toute sa clique en dehors de ces murs !

- Tu n'as pas l'autorité nécessaire pour prendre une telle décision. Je te le redemande une dernière fois, où est notre mère ?

- En sommeil. C'est moi la Princeps principale maintenant, lui asséna vicieusement sa sœur cadette.

- Ce titre me revient de plein droit, hurle Priya hors d'elle.

- Tiens tiens une folle pour nous gouverner, ricane méchamment Amélia. Tu es vraiment pathétique. Bien, comme tu as refusé de t'en aller de ton propre chef. Je vais devoir te faire conduire à la Forêt dansante, tu n'aurais jamais dû remettre les pieds ici soeurette. Arrêtez les tous, ordonne-t-elle.

- Tu ne peux pas faire cela, dit doucement une voix venue du fond du cortège.

- Ben voyons, tu es donc toujours en vie Gabriel !

- Convoques le conseil, ajoute-t-il toujours aussi serein.

- Et pourquoi ferions nous ça ?

Au son de cette voix, Priya devient pâle. Tout en elle frissonne, elle ne s'attendait pas à ressentir un tel choc en le revoyant. Son intonation était bien plus grave que la dernière fois, même son allure avait un grain de plus. Comment pouvait-elle ne pas s'aimer à ce point ? Après tout ce qu'elle avait enduré par sa faute, il s'était joué d'elle, l'avait brisée et éloignée des siens. Il paierait pour cela. Le nouveau venu ne s'arrêta pas plus d'une minute sur elle, toute son attention se porta sur Gabriel.

- Je vois que les choses n'ont pas changé, tu es toujours son petit toutou.

- Le plaisir de te revoir me ravit le cœur, grand frère. Viens dans mes bras, tu veux ironise le jeune homme.

- Toi aussi tu m'as manqué petit frère.

- Charmantes retrouvailles mais nous demandons audience auprès de vous au grand conseil. Priya cria ces derniers mots.

- Cesses cela maintenant, gronde sa sœur.

- Je viens réclamer ce qui est mien puisque ma mère se repose, c'est à moi de gouverner à présent.

- Et pourquoi t'accorderions- nous un tel privilège, demande une voix lointaine.

- Parce que je suis l'aînée de ma mère...

- Notre mère t'a éloignée de nous car tu es malade, coupe Amélia remontée à bloc.

- J'ai dit la vérité, il y a vingt ans. J'ai toujours été celle qui était destinée à tous nous sauver.

- Encore ces histoires de sang miraculeux, il n'y plus de sang comme le nôtre depuis des lustres. Nous ne sommes même plus capables de procréer naturellement. Comment oses-tu remettre ça sur le tapis? J'en ai assez entendu, jetez les dans les cages tout de suite !

- Cédric, emmène-les moi!

Priya ne laissa pas l'attitude de sa sœur l'atteindre, non pas cette fois-ci. Cette petite peste aurait tout le temps de goûter à sa vengeance, elle et Jonathan. Cédric revient avec un couffin, il traverse la foule qui s'était amassée. Il tient précautionneusement le précieux sésame. Priya se tourne vers Gabriel et prend sa main. Ils se regardent un long moment avant de se pencher pour prendre les bébés. D'un commun accord, ils les élèvent dans les airs.

L'amour N'est Pas Une ErreurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant