Chapitre 2

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Elle se pointa au self après tout le monde. Elle vint s'installer avec son plateau à la table où s'était regroupé bon nombre de ses camarades de classe. Alexandre lui sourit quand leurs regards se croisèrent.

- J'ai ton sac, annonça-t-il.

- Merci.

Ellis le récupéra par-dessus la table. Puis elle se tourna vers un autre camarade.

- Arthur, on pourra se voir en privé ? Une affaire importante à régler.

- Euh, oui mais pourquoi ?

- Parce que tu es délégué avec moi, ironisa Ellis.

- Non, merci, ça j'avais saisi, pourquoi doit-on se voir ?

- Affaire confidentielle pour les délégués.

- Ah, d'accord, concéda Arthur.

- On se retrouve sur le port à la fin des cours ? proposa-t-elle.

- Ça me va, j'y serais, confirma-t-il.

Un temps, seul le bruit des couverts et le fond sonore du self résonnèrent entre eux. Alexandre, tout en mangeant, observa Ellis à la dérobée. Qu'elle mange de la main gauche ne l'alerta pas. Il savait depuis quelques temps que la jeune fille était ambidextre. Il tressaillit en revanche à la vue du bandage qui ornait le poignet droit de l'adolescente.

- Comment tu t'es fait ça ? demanda-t-il spontanément.

Ellis se tourna vers lui.

- Ça quoi ?

- Ton poignet.

- Ah, ça. C'est rien, fit-elle en glissant son bras droit sous la table.

Alexandre lui fit les gros yeux mais elle ne céda pas. Quand le groupe se leva pour débarrasser, Alexandre se glissa derrière Ellis.

- Non, vraiment, tu t'es fait quoi ? insista-t-il.

- Tout va bien, je n'ai pas attenté à mes jours, si c'est ce qui t'inquiète. Ce n'est pas moi, lui certifia-t-elle.

- Mais alors c'est quoi, si ce n'est pas toi ? rebondit Alexandre.

- Le connais pas. Pas moi.

- Attends, tu es en train de me dire que tu ne sais pas qui t'a fait suffisamment mal au poignet pour que tu en viennes à te bander ?

- Pas que je ne sais pas qui c'est, je l'ai vu le type qui m'a fait ça, mais je ne le connais pas, rétorqua-t-elle.

- Hum mh, fit-il dubitatif. Et donc c'est quoi comme blessure ?

Elle ne répondit pas. Elle finit de débarrasser puis entreprit de défaire son bandage. Elle révéla une estafilade plutôt profonde mais bien nette et fine.

Alexandre en reste coi. La plaie ne ressemblait à rien de ce qu'il connaissait et il se demandait bien ce qui avait pu la causer. Elle était profonde et tellement bien définie qu'il ne trouva pas de sitôt. Puis il songea à ce qu'elle avait dit un peu plus tôt et par association de pensée, à une arme blanche. Une lame pouvait-elle avoir causé pareille blessure ? Surtout, comment avait-elle croisé quelqu'un qui portait une arme blanche et qu'avait-elle fait pour le pousser à s'en servir ?

Ces interrogations tournèrent en boucle sous le crâne d'Alexandre tout l'après-midi. Il avait beau tourner le problème en tous sens, il ne parvenait pas à trouver raison et cohérence à la situation. En sortant de sport, il se hâta de rattraper sa camarade.

- Vraiment, tu n'en aurais pas plus à dire ?

Il n'eut guère besoin de préciser à quoi il faisait référence, Ellis avait compris.

EllisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant