Chapitre 17

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- Tenez, un gant de glace pour sa pommette. Désolée, ce coup-là va marquer, fit Ellis en revenant vers les six garçons.

Antoine, Benoît, Nicolas, Lucas et Alexandre levèrent la tête. Les cinq adolescents affichaient des mines mitigées. Antoine était sceptique, Benoît étonné, Nicolas sidéré, Lucas déconcerté et Alexandre avait haussé un sourcil comme il savait si bien le faire. Aucun n'était ravi de son retour. Quant à Gabriel, il s'était assis au milieu de tous ses amis, signe qu'il reprenait du poil de la bête. Il semblait néanmoins encore sonné. Ellis s'accroupit à ses côtés.

- Ça va, tu te souviens qui tu es et ce que tu fais ici ? plaisanta-t-elle.

- Ouais, ça va. Je crois.

Face à sa réponse hésitante, la jeune fille fronça les sourcils, comme inquiète.

- Nom ? exigea Ellis.

- Gabriel Tournier, lui répondit le jeune homme.

- Age.

- Quinze ans. Seize en juin, le huit.

- Ta famille.

- Attends mais qu'est-ce que tu fais ? Tu viens de le mettre KO, c'est quoi cet interrogatoire ? Tu dérailles ? intervint Alexandre, choqué.

- Protocole de commotion cérébral, après un choc à la tête. Non, ne me blâme pas, ce sont les risques d'un combat, c'est accepté en même temps que la proposition d'une rencontre. C'est le sport, en boxe il y a des KO. Il joue déjà dans les catégories élevées, il a déjà vu bien pire. Je me trompe ? se tourna-t-elle vers le principal intéressé.

- Non, je me suis en effet déjà relevé de bien pire. Mais ça sonne, rit-il nerveusement.

- Oui j'imagine. Non mais normalement tu n'as rien.

- Il y a un normalement de trop, nota Antoine négligemment.

Ellis poussa un soupir, exaspérée, et leva les yeux au ciel.

- Non mais il a raison, nota Benoît, vaguement inquiet.

- Oui, pardon, s'excusa Ellis. J'utilise habituellement ce coup pour vraiment blesser mon adversaire, il ne doit pas réussir à se relever derrière. Plus je les rends poireaux, mieux c'est pour nous.

- Quoi ? coassa Benoît, interloqué.

Quatre garçons avaient bondi. Le cinquième n'écoutait plus, il passait d'assis à accroupi avec l'ostensible velléité de se relever. Quant au sixième, il était déjà au courant et avait saisi ce que signifiait Ellis par ses paroles sibyllines.

- Attends, c'est quoi ton sport de combat à toi ? demanda Nicolas qui, perdu, cherchait à comprendre, à retrouver le sens de toute cette situation des plus abracadabrantesques.

- Self-défense, pour se sortir vivant de combats de rue, majoritairement. Non mais oubliez, fit Ellis avec une dénégation de la tête. Tout ça simplement pour dire que je n'ai pas l'habitude d'être douce pour porter pareil coup, et je préfère vérifier que j'ai su adapter ma force.

- Tu es en train de me dire que tu m'as ménagé ? demanda Gabriel qui s'était enfin mis debout.

- Oui, avoua fermement Ellis.

- D'accord. Ok.

Gabriel avait l'air complètement désabusé.

- On va bosser encore, hein Gaby ? rit Alexandre.

- Ouais, je confirme, renchérit l'interpellé.

- Moi je vais me faire oublier, hein, s'immisça Lucas. Je n'ai même pas de niveau, rit-il.

EllisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant