Chapitre 28

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Les six garçons échangèrent des regards embarrassés. Comment travailler sans Ellis ? La demoiselle les boudait depuis qu'elle avait tourné les talons dans le couloir avant le début de l'heure.

- Ellis, s'il te plaît, supplia Alexandre pour la énième fois.

La demoiselle ne se dérangea pas plus que les nombreuses fois précédentes. Elle resta couchée sur son cahier. Son stylo courait sur le papier mais les garçons n'avaient pas la moindre idée de ce qu'elle pouvait bien écrire. Certainement pas de l'espagnol, puisqu'elle avait horreur de bosser pour le groupe, et que sa part ne pouvait être aussi développée.

Les membres du groupe restaient les bras ballants depuis le début de l'heure. Ils n'arrivaient pas à se remettre du choc de la situation. La moitié d'entre eux avaient vu Ellis les suivre et écouter leur conversation, mais ils ne s'étaient à aucun moment donné douté qu'elle ne savait pas encore qu'Alexandre leur avait révélé son secret, et aucun n'avait donc réagit. Ç'avait été un retournement de situation complet pour eux quand les deux données s'étaient additionnées, Ellis qui n'était pas censée savoir qu'eux étaient au courant de toute l'histoire, et qui avait écouté Alexandre en discuter sans pression avec eux tous.

Ils n'avaient pas fait grand-chose, leur rôle était passif, mais les cinq amis d'Alexandre se sentaient mal à l'aise devant Ellis. Ils se sentaient en tort, quelque part, de s'être introduit dans son secret.

L'heure fut longue pour la petite bande qui ne savait pas sur quel pied danser. Ils travaillèrent à peine, sans Ellis, il leur parut insurmontable de se mettre d'accord et d'avancer sur le projet de groupe.

Enfin sonna la fin du cours d'espagnol, qui les délivra de cette ambiance tendue. Les garçons s'empressèrent de sortir dans le couloir. Alexandre semblait effondré.

- Mais j'étais certain de l'avoir semé en sortant de maths, se plaignit-il, affligé.

- Désolé, je n'ai pas réagi avant, je pensais qu'elle avait enfin donné son accord pour que tu nous en parle. Je l'avais bien vue, pourtant, s'excusa Benoît.

- Non, c'est moi, je n'ai pas pris mes précautions. J'ai dû éveiller ses soupçons en posant la question pour Nico, j'aurais dû réfléchir à une couverture avant d'ouvrir la bouche.

Il poussa un long soupir.

- Quelle imbécile, franchement, quel imbécile. Je l'ai froissé. Elle va me tuer, en krav maga, si elle vient. Je suis un homme mort, monologua Alexandre dans sa barbe, pour évacuer sa colère.

- Calme-toi, relativisa Benoît. Ce qui est fait est fait, tu ne peux plus revenir en arrière. Tu n'as plus qu'à avancer, désormais. Si elle s'attendait vraiment à ce que tu te taises, alors elle ne te connaît pas, c'est tout. Tu nous as maintes fois répété qu'elle n'avait accepté de t'entraîner que pour que tu ne sois pas victime des mercenaires, que tu sois capable de te défendre. C'est chose faite. Comment est-ce que ça allait évoluer, votre histoire ? Sans mentionner que tu ne peux pas traquer les mercenaires, toi, donc que vas-tu faire maintenant que tu sais te battre ?

Alexandre resta coi, interloqué par les justes propos de son ami. Il papillonna, prit le temps de mûrir sa réflexion.

- C'est vrai, concéda-t-il, je ne serais pas allé bien loin après. Ça va faire vide, sans ses entraînements tous les soirs de la semaine.

- Tu es devenu accro ? le chambra Lucas.

- Non ! se récria Alexandre.

- Hm, hein, insista Lucas en se tapotant le nez pour montrer que quand même, ça se sentait.

EllisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant