Chapitre 29

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En effet, le soir-même, Ellis brilla par son absence en kravmaga. Alexandre tenta de faire abstraction de cette absence et de profiter de son activité, qu'il avait toujours beaucoup aimé. Nonobstant, il trouva les exercices d'une simplicité affreuse, lui qui avait pris l'habitude d'affronter Ellis à un niveau surélevé. Il dut même retenir ses coups pour ne pas véritablement blesser ses adversaires, ce dont il fut proprement ébahi. L'instructeur de kravmaga plissa d'ailleurs les sourcils quand, en passant des les rangs, il s'arrêta pour observer Alexandre face à son adversaire pour cet exercice. Il s'en alla toutefois sans un mot.

Alexandre rentra en ruminant en boucle les mêmes pensées. Il ressortait avec une impression mitigée sur son cours de kravmaga. Il ne se trouvait pas aussi mentalement délassé et reposé qu'il ne l'avait été toute l'année en sortant du cours, certainement parce que l'effort physique n'avait pas été à la hauteur de ce qu'il pouvait désormais fournir, et qu'il ressortait bien plus frais que d'ordinaire.

En gagnant l'appartement, Alexandre fila à la douche. Le jet chaud eut l'effet escompté. Le jeune homme prit le temps de s'y prélasser. Il en ressortit délassé, prêt à penser à autre chose. Il se rendit à la cuisine et dressa le couvert pour deux, son père et lui. En attendant que Daniel ne rentre avec le dîner, l'adolescent attrapa son portable. Une notification sur l'écran de verrouillage l'informa qu'il avait plus d'une soixantaine de messages en attente sur le groupe de discussion avec ses amis. Il souffla du nez, amusé. Le changement se faisait en douceur.

Il avait rattrapé son retard et participait activement à la conversation quand son père franchit le seuil de l'appartement.

- J'ai pris des pizzas, annonça Daniel d'une voix qui porta dans l'appartement.

- Bonsoir papa ! s'exclama Alexandre en levant le nez de son écran.

Daniel entra dans la cuisine et posa les cartons de pizzas sur la table.

- Je vais juste me changer pour ne pas tâcher ma chemise et on peut passer à table, prévint-il.

Son fils opina.

- Je t'attends, je ne bouge pas.

- Tu viens de bouger, si, pinailla Daniel en désignant du menton les doigts d'Alexandre qui s'agitaient toujours sur le clavier de son téléphone.

Le jeune homme plissa les yeux dans une parodie de scepticisme. La blague, courante dans la famille, continuait pourtant de l'amuser, et il ne put retenir un discret éclat de rire. Son père le perçut, sourit, fier d'avoir obtenu une réaction, et quitta la cuisine. Alexandre, toujours sur son téléphone, ne vit pas le temps passer et quand son paternel fut de retour, il eut l'impression qu'une poignée de secondes à peine s'était écoulée depuis que son père avait tourné les talons. Les deux hommes passèrent à table.

- Au fait, Carole, ma sœur, va venir passer la nuit à la maison demain, parce qu'elle a une réunion pour le boulot à deux pas d'ici demain matin, et que ça lui fait plaisir de venir nous saluer. Elle arrivera vers dix-huit heures peut-être, et repartira certainement comme nous le matin, pour être à l'heure à sa réunion.

- D'accord. Je prévois le dîner en conséquence, ça marche, acquiesça Alexandre. Ce qui me fait penser, je crois que nous n'avons toujours pas de gâteaux apéros. Est-ce que je passe en acheter en sortant de cours demain ?

- Oui, ça peut être sympa. Oui s'il te plaît, décida son père.

- Je vais le noter, sinon je vais oublier, commenta Alexandre en attrapant son portable pour se mettre un rappel. J'irai en sortant d'équipe.

- Et puis en sortant de table, tu m'aideras à faire le lit dans la chambre d'amis, d'accord ?

- Pas de soucis.

EllisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant