Chapitre 39

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Les pas se rapprochèrent. Ellis se rencogna dans sa cachette et ralentit sa respiration, pour la rendre la plus silencieuse possible. Elle vérifia qu'elle ne dépassait pas derrière la machine qui la cachait, qu'il n'y avait pas d'interstice par lequel quelqu'un pourrait la voir. Satisfaite par son inspection éclair, elle se figea dans son recoin, immobile et silencieuse.

Ils déboulèrent dans la salle au pas de course. Ellis, en les voyant, retint un soupir de soulagement. Le stress la quitta.

Ce n'était pas une patrouille, pas des soldats armés, mais bien une escouade médicale qui venait prendre en charge les blessés. Rien que de très ordinaire pour cette patrouille, sa ville était un lieu à éviter pour rester entier, se rengorgea Ellis. Les médecins avaient même certainement été appelés avant que la patrouille n'arrive, tant elle ne rentrait jamais indemne.

Elle les observa s'occuper des blessés et choisit son moment pour se couler hors de sa cachette et emprunter le couloir. Personne ne la vit quitter la grande salle des arrivées.

Elle se glissa à nouveau dans le grand couloir. Pas de portes jusqu'à la première intersection, aussi Ellis avança-t-elle tout droit. Au carrefour, les choses se compliquèrent. Elle ignorait quelle direction prendre. Elle fut d'abord contente qu'il n'y ait que deux possibilités et pas trois. Elle pouvait au choix continuer tout droit ou prendre à gauche, d'où venait l'escouade médicale. Elle balaya les deux couloirs du regard, puis prit à gauche.

Elle glissa dans le couloir, prenant grand soin à étouffer le bruit de ses pas. La première porte qu'elle rencontra, sur sa droite, était verrouillée. Ellis ne perdit pas son temps à essayer de l'ouvrir. Elle essaya la porte suivante, deux pas plus loin, sur la gauche du couloir cette fois. Cette porte était entrouverte, et Ellis y jeta un œil avant de se couler à l'intérieur.

Elle reconnut immédiatement l'infirmerie à la disposition des lieux. Elle resta cachée derrière la porte. C'étaient des soldats qui occupaient les lits, or Ellis ne tenait pas à ce que l'alerte soit sonnée maintenant, si elle avait, comme elle le pensait, réussit à ne pas attirer l'attention jusque-là. La pièce était lumineuse et propre, nonobstant cette odeur, mélange de sang et de désinfectant. Autant que son angle de vue donnait, Ellis ne voyait pas de chaînes sur les montants des lits. Alexandre n'était certainement pas ici.

Elle se retourna vers la porte fermée en face. S'il était quelque part, ce serait derrière une porte close. Elle prit la mesure de l'imbécillité dont elle avait fait preuve en se jetant aussi confiante dans la gueule du loup.

Elle s'était volontairement prise dans cette immense toile d'araignée qu'était la base. Elle ignorait où se réfugier pour passer inaperçue, et elle n'avait pas les moyens de parcourir toute la base incognito alors que du monde s'agitait en permanence en ces lieux. De plus, il lui faudrait voler des clés et tester bien trop de portes avant de tomber sur Alexandre. Elle ignorait la taille des lieux, mais elle songea qu'il y avait certainement un laboratoire pour expérimenter la téléportation, des lieux de vie, des salles d'entraînement, et quand elle voyait la taille de la salle dans laquelle elle était arrivée et celle de l'infirmerie, elle imaginait volontiers la démesure de la base.

Elle poussa un soupir de défaite. Allait-elle encore devoir se faire capturer pour être menée jusqu'à Alexandre ?

Elle fut interrompue dans ses réflexions par des bruits de pas. L'escouade médicale revenait. Ellis s'enfuit dans le couloir, priant pour atteindre la prochaine intersection avant que quiconque ne passe à l'angle. Elle dédaigna une porte à sa droite. Si elle était fermée, elle perdrait du temps.

Son vœu ne fut pas exaucé. Dans sa précipitation à fuir, elle avait négligé le bruit de ses propres pieds martelant le couloir en rythme. Cela attira inévitablement l'attention des personnes derrière elle. Alors qu'elle atteignait le carrefour et prenait à gauche à nouveau, une voix s'éleva en cri. Ellis grimaça. Elle ne douta pas avoir été repérée, et ce cri était un appel à sa capture. Elle fonça ventre à terre.

EllisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant