Chapitre 8

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La soirée avait été arrosée, et Alexandre sentait bien qu'il avait ingurgité plus d'alcool que de raison. Il avait eu du mal à s'arracher à ses amis, qui ne voulaient pas le laisser partir avant que la fête, sa fête, ne se termine. Pourtant, rapidement épuisé à cause de sa précédente nuit, qui avait été plutôt agitée et donc écourtée, il avait beaucoup insisté. En vain. Il venait de réussir à quitter les festivités en douce, et escomptait bien rentrer chez lui pour rattraper les heures de sommeil qu'il lui manquait.

Il marchait en plein centre-ville quand une voix l'arrêta.

- On a guère eu le temps de se voir, aujourd'hui. C'est assez normal, tu étais accaparé par tes amis, je comprends. En revanche, je suis déçue que tu n'aies même pas eu à m'accorder le temps nécessaire pour simplement ouvrir un cadeau. Donc, vu que tu ne l'as pas ouvert dans la journée, je vais prendre deux minutes de ta nuit pour assister à son déballage. Tiens !

Au cours de cette longue tirade, Ellis était sortie d'un recoin d'obscurité et s'était avancée vers lui. Dans sa main offerte reposait un pavé recouvert de papier cadeau, tendu vers lui.

Cette rencontre impromptue lui fit l'effet d'une gifle, et, si elle ne dissipa pas l'alcool qui circulait dans son sang, elle eut le mérite de le secouer.

- Merci, fit-il par automatisme, trop sidéré pour ajouter quoi que ce soit.

Elle répondit d'un hochement de tête. Il se saisit du petit paquet et commença à défaire l'emballage qui le recouvrait. Il découvrit un coffre -ou du moins ce qu'il identifia comme tel- finement ouvragé. En bois poli, avec des charnières argentées et une toute petite serrure tellement bien faite ! Il l'examina longuement, sans saisir de quoi il retournait. Un coffre. D'accord. Et quoi, c'était tout ? Ça ne s'ouvrait pas ? Quelle inutilité.

Quand il releva la tête, Ellis passa la main autour de son cou et en sortit une chaîne en argent sur laquelle pendait une petite breloque qu'elle posa à plat sur sa main. Il s'avança pour voir ce qu'elle souhaitait lui montrer. Il vit, posée sur la paume de sa camarade de classe, une minuscule clé en argent. Il se figea.

Était-ce bien ce qu'il pensait, à savoir la clé du coffre ? Il fronça un sourcil sur deux. Qu'est-ce que tout cela pouvait bien vouloir signifier ? Leur réconciliation ? Alors pourquoi un coffre et une clé ? Donc cela devait vouloir dire autre chose. Mais quoi ? Il fronça le deuxième sourcil. Il devait avoir manqué un épisode.

Il en était là de ses intenses réflexions quand elle ouvrit le petit coffre grâce à la minuscule clé qui pendait à son cou. Alexandre l'observa, tentant de se faire une idée de ce qui allait suivre. Aucun scénario déroulé en deux secondes dans son cerveau qui surchauffait ne le convainc. Ellis lui rendit le petit coffre. Il le prit et jeta un œil à l'intérieur. Ce qu'il vit lui fit froncer les sourcils derechef. Du papier ? Il en fut presque déçu.

Il l'en extrait et déplia les feuilles couvertes d'une fine écriture cursive. Il parcouru du regard les premières lignes mais stoppa rapidement, chancelant. Il leva les yeux vers Ellis et lui jeta un coup d'œil intrigué.

Que signifiait toute cette mascarade ?

Elle haussa les épaules face à son regard.

- Lis, et peut-être tu comprendras mieux. Moi, je m'en vais, pour ne pas me laisser le temps de regretter ce que je viens de faire.

Elle tourna les talons et commença à s'éloigner. Il voulut la rattraper mais elle esquiva la main qui s'était tendue pour lui enserrer le poignet et partit au pas de course. Il la regarda s'éloigner, perdu. Le rêve continuait, et virait sur une tonalité plus inquiétante qu'Alexandre n'était pas certain d'apprécier.

EllisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant