Chapitre 21

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Après un mardi horrible, ignoré par ses amis, à se sentir seul et mal, coupable, et un mercredi férié où, à force de tout ruminer, il s'était motivé à agir pour arranger la situation, Alexandre sentit la nette amélioration du jeudi matin. Dès huit heures, Lucas, au lieu de l'ignorer, le rejoignit devant la salle de cours et posa son sac à côté de lui.

- Salut.

- Salut. Content que tu aies accepté mes excuses, ajouta Alexandre, le soulagement perceptible dans la voix.

- Oui, tes excuses, je les accepte. Tout ton récit fantastique, c'est un peu moins bien passé. Je crois que je l'ai encore en travers de la gorge, rit son ami.

- Tu m'étonnes ! rit Alexandre avec lui. Je suis d'accord, c'est dur à digérer. J'ai eu trois semaines, mais les deux premières, ça me tournait en boucle dans la tête en mode mais c'est impossible. Et pourtant.

Ils rirent encore. Ils virent arriver Gabriel qui s'inclut au duo. Il eut une mimique exagérée pour Lucas, qui d'un hochement de tête lui confirma que la mise au ban d'Alexandre était levée.

- Je peux savoir ce qui est drôle ?

- Longue histoire. Je ne sais pas si j'ai le temps de tout vous raconter là maintenant, s'excusa Alexandre.

- Pourquoi ? C'est italien, avec un peu de discrétion, ça passe.

- Oui, mais les murs ont des oreilles. Traduction, je n'ai pas la permission d'Ellis pour vous raconter ses mystères, et comme elle est un peu entre nous dans le plan de classe ... Un peu à la récré si vous souhaitez, mais ça va être frustrant de n'avoir que le début de l'histoire. Je pensais plutôt à cet après-midi après les maths, sur le port.

- Le temps de quoi ? les surprit tous Nicolas en passant sa tête sur l'épaule de Gabriel.

- Ah ! sursauta ce dernier. Me fais pas des coups pareils ! Un jour, tu vas déclencher un réflexe, tu vas te prendre mon poing dans la gueule.

- Pardon, s'excusa Nicolas, guère désolé.

Le groupe se réarrangea pour lui laisser une place dans le cercle.

- J'ai une drôle d'histoire à vous raconter, mais il va nous falloir du temps et du calme, donc je proposais cette aprèm, expliqua Alexandre.

- Ah tiens, bonjour toi, lui sourit Nicolas en retour. Ravi de voir que vous vous êtes réconciliés.

- Merci. Moi aussi, renchérit Alexandre.

Un moment de silence plana, et Antoine arriva sur ces entrefaites.

- On s'est réconcilié, lui annonça, tout sourire, Nicolas.

- D'accord, notifia Antoine. Super. Ce qui signifie qu'il a lâché le morceau ?

- Oui, il l'a lâché, lui indiqua Lucas. Il me l'a lâché. Mais comme c'est long, il ne vous a pas appelé hier soir après que nous avons raccroché, je lui avais dit qu'il reprendrait tout depuis le début en face à face, parce que j'en aurais bien besoin aussi. Et on va faire ça après les maths, on va au port pour qu'il nous raconte tout. Et non, on ne fait pas ça en espagnol à dix heures parce qu'il brave Ellis en nous mettant au courant. Donc pas sous son nez, pour un minimum de discrétion.

- Je saisis, certifia Antoine.

- Oui, motus et bouche cousue devant elle ou elle va me réduire en bouillie, mais vraiment moi cette fois, s'alarma Alexandre.

- Promis, plaisanta Gabriel en se mettant au garde à vous. Ça ne doit pas être agréable de se la prendre vraiment remontée, vu ce qu'elle met dans le calme.

EllisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant