Chapitre 40

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Ellis s'appliqua à ne pas bouger, à ne pas même remuer un cil, lorsqu'elle entendit distinctement une porte s'ouvrir puis plusieurs voix échanger en mandarin, criant pour couvrir l'alarme qui sonnait toujours. Les nouveaux venus parlaient avec le premier mercenaire de la seconde chambre. Jusque-là, son plan tenait.

Elle avait volontairement épargné ce premier soldat. Elle avait voulu qu'il se relève, passé le temps du choc, aussi avait-elle mesuré ses coups et choisit soigneusement ses points de frappe. Il était resté suffisamment sonné pour ne pas suivre la fin du combat. Cependant, comme prévu, il avait remis ses idées en place et s'était levé lentement, alors qu'autour de lui tout le monde gisait à terre. Ellis, avachie sur le sol parmi les mercenaires qu'elle avait assommé, avait suivi ses mouvements à l'oreille. Il avait observé la scène, et elle avait aisément imaginé le sourire qui avait pu fleurir sur son visage en la découvrant hors d'état de nuire. Il n'avait pas cherché à savoir si elle était morte ou simplement évanouie, et Ellis avait conservé sa parfaite immobilité.

Encore une fois, Ellis regretta de ne pas avoir cherché à apprendre des rudiments de la langue. Elle ne comprenait rien à ce qu'il se disait dans son dos. Elle entendit des pas s'approcher. Redoutant un coup, elle se prépara mentalement à ne pas réagir. En effet, elle reçut un coup de pied dans la jambe. Elle resta inerte, et les pas se rapprochèrent encore. Des doigts se posèrent sur son poignet pour prendre son pouls. Quelques mots encore furent échangés, puis Ellis sentit qu'on la soulevait sans ménagement. Elle fut jetée sur une épaule. Elle eut du mal à ne pas réagir, pas même contracter ses musclesen mécanisme de défense. Elle garda les paupières closes mais pas serrées, les muscles relâchés. Elle se concentra sur sa respiration, qu'elle rendit égale et profonde, comme celle d'une personne évanouie.

Son porteur quitta les lieux. Elle le sentait marcher. Elle était particulièrement inconfortable, mais bouger l'aurait trahie. A la place, elle tâcha de comprendre la direction qu'il empruntait. Après analyse des bruits de pas, biaisée à cause de la sirène, elle se persuada que l'homme qui la portait n'était pas accompagné. Elle risqua un infime mouvement palpébral pour vérifier son hypothèse. Oui, ils étaient seuls. C'était une bonne chose. Elle garda les yeux entrouverts pour observer le chemin entre ses cils, afin d'être en mesure de se repérer dans la base. 

L'homme refaisait le chemin qu'elle avait parcouru en sens inverse. Toutefois, au lieu de tourner vers l'infirmerie, il continua tout droit. La porte qu'il emprunta donnait sur un petit couloir avec un mur vitré. L'homme qui la portait s'arrêta et échangea avec quelqu'un. Quand il se détourna, Ellis vit que l'interlocuteur était derrière la vitre. Il y eut un bourdonnement, le soldat qui la portait ouvrit une porte et ils passèrent dans une autre salle. Il s'arrêta en silence et attendit quelque chose.

Ellis chercha un son ou un indice visuel pour la renseigner. Elle ne trouva rien. Elle dut attendre qu'il fasse quelque pas et tourne sur lui-même pour voir la cage d'ascenseur. Elle tourna les yeux au maximum sans bouger la tête pour essayer de voir le panneau de contrôle et leur destination, mais c'était hors de son champ de vision. Elle fut incapable de dire si elle montait ou descendait au mouvement, ni de déterminer combien d'étages passaient. Elle se força à ne pas réagir. Elle ne savait pas où il la conduisait. Toutefois, tant qu'elle n'était pas sûre de ne pas retrouver Alexandre dans les parages, elle préférait se faire véhiculer et profiter d'une visite sans risque de se prendre une lame à un croisement.

L'ascenseur s'arrêta et son porteur en sortit. Ellis reconnut une réplique de la salle dans laquelle ils étaient montés dans l'ascenseur. Elle grimaça intérieurement. Si c'était la même disposition des lieux à tous les étages, retrouver son chemin vers la sortie serait une partie de plaisir. Elle remarqua après que l'alarme ne sonnait plus. Elle avait cessé de l'entendre dans l'ascenseur. Bien, c'était un indice qui pourrait toujours servir.

EllisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant