Chapitre 27

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Sur toute l'heure d'histoire-géographie ce lundi matin, Alexandre regarda Ellis en douce. Il n'écouta le cours de de moitié. Il savait bien qu'il valait mieux ne pas lui poser la question en cours, et attendait donc avec impatience l'intercours. Le monologue de leur enseignant lui parut particulièrement long. Enfin la cloche sonna et Alexandre poussa un soupir de soulagement.

- J'avais une question, commença-t-il d'entrée de jeu en se penchant vers l'oreille d'Ellis.

La jeune fille releva la tête vers lui, lui accordant son attention.

- Je me demandais s'il n'y avait pas d'autre moyen de lutter contre les mercenaires que par le combat.

Ellis resta immobile et silencieuse un temps, et Alexandre se figea aussi. Il pria pour qu'elle ne crame pas que ce n'était pas pour lui. Puis elle fronça les sourcils.

- Je ne sais pas, je n'y avais pas réfléchi. Mais pourquoi ?

Alexandre panique une microseconde.

- Parce que je ne sens pas les arrivées de mercenaires, moi, donc hormis les fois où nous sommes en train de nous entraîner quand ils arrivent, je ne vais pas être très utile, bonimenta-t-il sur le tas.

Ellis eut un mouvement du chef qui valait acquiescement.

- Je ne sais pas, répéta-t-elle. Tu pensais à quelque chose en particulier ?

- Numérique, euh, comment dit-on pour fournir les armes, armement, voilà, tactique, si par hasard ça peut avoir la moindre application. Euh, former des recrues, inventa-t-il au fur et à mesure pour ne pas se griller avec le numérique de Nicolas seulement.

- J'y réfléchirais si tu y tiens, mais ça ne fait pas tilt dans mon esprit.

Elle finit de ranger ses affaires et le referma sans cesser de parler.

- Former des recrues, c'est non.

Elle mit son sac sur son dos. Alexandre s'empressa de l'imiter, tout en prêtant une oreille attentive à la réponse qu'elle lui fournissait.

- Déjà toi, tu ne sais que parce que j'ai risqué ton adresse, parce que tu es en train de t'en rendre compte, tu ne sers à rien face aux patrouilles tant que je ne suis pas là, et je n'ai pas besoin de toi.

- Aïe, grimaça le jeune homme, touché dans son amour-propre. Ça fait mal, de s'entendre dire ça comme ça, tu sais.

Ils quittèrent la salle en saluant leur professeur, salut qui resta sans réponse, comme toujours. Pourtant, par politesse, Ellis insistait, et remerciait toujours en quittant la salle, et Alexandre faisait de même quand il était engagé dans une discussion avec elle à cet instant-là. Puis ils reprirent le cours de leur conversation sans tenir compte de cette interruption.

- Pardon, s'excusa la demoiselle en baissant la tête, comme contrite. Mais former des recrues, je ne vois pas qui former ...

- Mes potes ? glissa Alexandre, l'interrompant.

- Non. Vraiment, arrête avec ça, fit Ellis sèchement, le brisant net dans son élan. Ensuite, tu as proposé quoi d'autre ? Gérer la tactique, mais de toi à moi je ne vois pas ce que nous pourrions bien planifier, donc non plus. L'armement aussi tu avais évoqué, mais je me débrouille très bien à mains nues, merci. Si vraiment tu en ressens le besoin, tu apprendras à te servir de ce que nous avons pour l'entraînement, et tu le garderas sur toi hors jours scolaires, que le samedi en fait.

Elle parla à demis mots mais Alexandre comprit de quoi elle parlait et pourquoi elle le faisait ainsi. Autour d'eux, dans le couloir qui interdisait tout échange un tant soit peu privé, il valait mieux se montrer discret pour ne pas attirer les oreilles indiscrètes, comme le trio de filles qui venait de les dépasser en échanges des regards qui disaient explicitement que les trois demoiselles en question avaient bloqué sur le terme d'armement.

EllisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant