Chapitre 30

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En dépit des assertions de sa tante, Alexandre ne nota pas de tendance à l'amélioration entre Ellis et lui. Elle semblait avoir fourni son effort mardi. Depuis, les deux jeunes gens ne s'adressaient plus la parole. Certes, Ellis avait recommencé à prendre les cours qu'elle manquait sur lui, mais sans un mot, pas même l'habituel merci à la fin. Quant à lui, il ne regrettait pas d'en avoir parlé à ses amis, et n'irait pas ramper aux pieds de la demoiselle pour la supplier de lui pardonner, et que l'entraînement reprenne comme avant. Il savait se battre contre les mercenaires, c'était le but, voilà, fin.

Maintenant ... Maintenant, soit il trouvait une patrouille par ses propres moyens, soit il se cantonnait au rôle défensif dans lequel Ellis le voyait. Encore qu'une patrouille ... Le jeune homme doutait quelque peu de ses capacités à défaire une demi-douzaine de soldats à la fois. Les uns après les autres, pourquoi pas, mais la dimension à laquelle il n'avait pas songé plus tôt, c'était que les mercenaires n'attendaient pas sagement leur tour pour se battre et se faire vaincre, non, ils avaient la rage et des techniques d'attaques concertées.

L'année touchait à sa fin et la classe passait de plus en plus de temps en visionnage de films qu'en cours classiques à travailler. En espagnol, le groupe avait réussi à produire quelque chose pour l'oral. Ils passèrent présenter le fruit de leur travail et eurent une bonne note, ce dont ils se congratulèrent. Quand tous les exposés furent passés, la professeure leur passa un DVD. En anglais aussi, l'enseignant avait abandonné son programme pour leur passer un film en version originale, et avait cédé sur les sous-titres. En italien aussi, elle leur avait trouvé un film original, qu'elle leur mit avec sous-titres en français. En français, leur professeur leur passait des vidéos d'analyses et de retours sur divers ouvrages très utiles pour leur programme de première. Les cours d'histoire-géographie n'avaient guère changé, l'enseignant continuait ses conférences. Seule différence, les élèves ne se donnaient même plus la peine de prendre des notes. Ils se croyaient déjà en vacances. En mathématiques, la professeure essaya de finir la dernière notion au programme sans parvenir à convaincre la classe de se mettre à travailler sérieusement pour encore quelques cours. Enfin en sciences, ils alternaient lecture des cours, distribués sur polycopiés, vidéos ludiques pour finir les chapitres à l'étude et goûters dans la liesse et l'allégresse générales. Quant aux cours de sport, c'était jeux sur jeux depuis quelques semaines déjà.

Arriva l'avant-dernier jour de cours, puis le dernier. Ces deux ultimes jours étaient réellement le début des vacances pour tous les élèves du niveau seconde. Alexandre aimait particulièrement le mardi après-midi, pénultième jour au lycée. Le temps d'équipe sautait, remplacé par un jeu de piste immense, qui se déroulait dans tout l'établissement et se jouait par classes. Après le dernier cours d'histoire-géographie de l'année, sur laquelle leur enseignant les laissa prévoir un goûter, la classe se retrouva dans le gymnase pour les consignes du grand jeu. Alexandre resta plus dans le cercle de sa bande qu'avec tout le groupe classe. Pour autant, les fous rires furent généraux parmi les élèves, et tout le monde profita de cette après-midi de jeu.

Quant au dernier jour de cours, une matinée seulement, ce fut encore plus tranquille et relâché. Avec leur professeur principal, ils se déplacèrent jusqu'au CDI pour rendre enfin leurs manuels. Puis, il y eut un temps d'échange pour faire le bilan de l'année. Enfin, les élèves bougèrent les tables et organisèrent le dernier goûter de leur année de seconde. La classe se mélangea un peu plus. Dans cette joyeuse réorganisation, Alexandre se retrouva à côté d'Ellis. Il hésita. Allait-il lui adresser la parole, lui poser la question, pour savoir comment ça allait se passer après les cours et sur l'été ? C'était l'occasion. Alexandre sentait bien qu'il ne le ferait pas plus tard, que c'était certainement la dernière chance qui se présentait à lui.

EllisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant