Chapitre 6

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A son réveil, Ellis s'était évaporée et Alexandre se persuada que tout ceci n'avait été qu'un rêve. Il se prépara pour la journée de cours, encore embrumé par toute cette histoire. Il retrouva Ellis à huit heures devant la salle d'italien. Ils étaient la classe LV3 et ce cours concernait donc toute la classe.

- Attendez les gars, j'ai juste une question à poser à Ellis, j'arrive, s'excusa Alexandre à ses amis.

Lucas et Benoît hochèrent la tête. Alexandre se faufila entre les autres élèves qui s'agglutinaient devant la porte et se planta devant Ellis.

- Bonjour, commença-t-il.

- Bonjour, lui répondit-elle avec un sourire.

- Ça va, ton poignet et ton ventre ? s'enquit-il innocemment.

- Ça va. Mon poignet sera guéri d'ici la semaine prochaine et je n'ai pas de complication déclarée pour mon ventre.

Alexandre écarquilla les yeux. Il était vraiment en train d'avoir cette conversation sur un ton badin. Le rêve continuait.

- Hmm, fit-il, absolument dépassé.

- D'ailleurs, je te remercie pour ta réactivité et ta discrétion. C'est appréciable.

- Ah oui tiens, rebondit-il. Pourquoi n'es-tu pas plutôt allée aux urgences ? Tu as un problème avec le corps médical ?

- Oui, la discrétion. Il faut sans cesse qu'ils sachent tout sur tout, et non en fait, je n'ai pas à expliquer comment je me suis blessée. Ce qui m'a blessée, pour me soigner, je comprends, mais les raisons, ils n'ont pas à les connaître.

- Ah d'accord. Donc si je te demande comment tu t'es fait ça, ce qui était ma question suivante, tu ne vas pas vouloir me répondre.

- Non, en effet, confirma-t-elle.

- Et c'est pour ça que tu n'as pas voulu lâcher le morceau pour ton poignet.

- Aussi. Encore que, pour mon poignet, tu sais presque tout.

- Je n'y ai rien compris, alors. Tu es sûre qu'il ne me manque pas des éléments de type majeur ?

- Peut-être, admit-elle, amusée.

Alexandre considéra, la mine dubitative, l'étincelle de malice dans les yeux de son interlocutrice.

L'arrivée de la professeur d'italien le dispensa de réagir. Les élèves se déversèrent dans la salle de classe. Alexandre aimait bien l'italien et la disposition spéciale des tables, en U. Il ressentait vraiment que ses camarades participaient plus en italien que dans les autres matières, et lui-même se sentait plus disposé à lever la main. Il passa un excellent cours, comme chaque fois, et sortit d'excellente humeur. Ellis et ses mystères se trouvaient relégués dans un coin de son cerveau. Toutefois son état sautillant fut douché par une remarque ironique d'Antoine.

- Allez, qui a envie d'aller en histoire-géo ?

Sa question, rhétorique, n'attendait pas de réponse, et personne ne se donna la peine de répliquer. Ils savaient tous que personne n'était emballé par ce cours. Le prof jouait les conférenciers sans vraiment se soucier de savoir si les élèves tenaient le rythme. En s'attroupant devant la salle d'histoire, la motivation avait déserté le groupe classe. A la sonnerie de fin d'intercours, leur enseignant leur ouvrit la porte. Le cours débuta sur un bruit de fond que le professeur fit taire rapidement. L'heure fut longue pour la classe.

A un moment, Alexandre remarqua un mouvement d'Ellis, comme pour se lever, mais elle resta sur sa chaise avec une grimace de douleur.

- Ça va, s'inquiéta-t-il d'un murmure.

EllisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant