Chapitre 11

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Ellis se raidit. Alexandre sentit qu'elle allait prendre la parole pour répondre vertement à son père, aussi le jeune homme, diplomate, la devança-t-il.

- Euh, non, deux choses. Un, on est pas ensemble, deux, elle est blessée, et pas légèrement. Donc on va éviter de la renvoyer dehors.

- Je ne veux rien savoir, rétorqua froidement Daniel. Elle n'a rien à faire ici à cette heure indue.

- Je ne sortirais pas, clama haut et fort Ellis qui ne se laissait pas démonter par le charisme de Daniel. En ce moment même la mort rôde derrière la fenêtre. La mort qui me cherche, et m'a déjà marquée.

Ellis releva son haut juste assez pour révéler l'impressionnant bandage qui couvrait son abdomen puis elle planta ses yeux sombres dans ceux de Daniel. Ce dernier fixait, comme hypnotisé, la ligne rouge sur le bandage, qui retraçait la plaie en travers de son ventre, de gauche en droite. La situation venait de se renverser, Alexandre le lisait sur le visage de son père.

- Je sors le matelas d'appoint, intervint le jeune homme qui sentait la victoire acquise.

Toutefois il ne bougea pas, attendant la confirmation de son paternel.

- Mais ... Je ... Il faut aller consulter, balbutia Daniel, dépassé par les événements.

- Les points de suture ont été faits, merci, contourna Ellis. Ce qu'il faut faire maintenant, c'est éviter la mort.

- Comment vous êtes-vous fait ceci ? demanda encore Daniel, sous le choc.

- Combat face à une arme blanche, répondit, laconique, la demoiselle.

Daniel tituba. Alexandre déchiffra sans peine les pensées de son père. Ce dernier était interloqué du naturel avec lequel Ellis avouait avoir affronté quelqu'un armé d'une lame, hébété par cette blessure d'ampleur, questionné par l'arrivée en toute discrétion d'Ellis, éberlué certainement aussi par la complicité et la non-réaction de son fils. En effet, Daniel se tourna vers Alexandre et le jeune homme crut que son père cherchait ses repères ou un soutien ou quelque chose de plus habituel et sécuritaire.

- Je sors le matelas d'appoint, répéta Alexandre.

- Au salon, précisa son père.

C'était tout ce qu'il lui restait pour ne pas complètement perdre la face dans son objectif de séparer les deux jeunes gens. Alexandre acquiesça. Il traversa sa chambre jusqu'à son placard, en sortit ledit matelas d'appoint et le transporta vers le salon où il le coucha. Il fit un aller-retour pour prendre les draps et fit le lit pour Ellis. Son père le rejoignit et l'aida à glisser la couette dans sa housse. L'agitation fit sortir Élodie de sa chambre.

- Que se passe-t-il par ici ? s'enquit-elle, perturbée par tant de remue-ménage à une heure aussi tardive.

- Oh, on t'a réveillée ? Désolé, s'excusa Alexandre.

- Je ne dormais pas, le rassura sa mère d'un sourire.

- Nous faisons le lit pour Alexandre parce que nous avons une invitée surprise, expliqua Daniel.

- Comment ça ? s'étonna Élodie en fronçant les sourcils.

- Ellis, répondit laconiquement Daniel.

- Elle est à la maison ? réagit, médusée, Élodie.

- Dans la chambre de ton fils, la renseigna Daniel.

Avec des yeux écarquillés, Élodie quitta le salon. Alexandre devina sans peine qu'elle filait dans sa chambre rencontrer la fameuse Ellis, l'élève mystérieuse.

EllisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant