Chapitre 18

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Alexandre passa son week-end à ruminer l'entraînement foireux du vendredi soir. Tout avait échoué, sur tous les plans. Le match entre Gabriel et Ellis avait été une fichtrement mauvaise idée. A partir de là, tout avait déraillé.

Il était évident pour Alexandre qu'Ellis était nettement meilleure que son ami, même en boxe pure. Sa question avait été sur l'envie de la jeune fille de démontrer ses capacités en combat. Elle avait commencé le match en gagnant les points, ce qui avait conforté Alexandre dans son objectif de démontrer à ses amis la supériorité d'Ellis. Ce que le jeune homme n'avait pas prévu, en revanche, c'était l'orgueil de Gabriel qui s'était énervé et ainsi avait tenté deux trois coups à la limite de l'acceptable et s'était mis à cogner pour faire mal, reniant de la sorte l'esprit du match qui était un défi amical. Ellis s'était agacée et l'avait étendu KO. Dès lors, la bande, lui compris, s'était liguée contre la jeune fille.

Sauf qu'à mesure que la discussion se déroulait, Ellis avait fait allusion à ses combats contre les mercenaires, entraînant Alexandre de son côté. Ses amis, en découvrant qu'il était au courant du mystère d'Ellis, mais surtout qu'il n'allait pas leur dire, s'étaient retournés contre lui. Alexandre avait hésité à leur révéler mais n'avait pas bravé le poids du regard d'Ellis, qui lui imposait de se taire. Ses amis lui avaient tourné le dos et s'en étaient allé sur cette brouille.

Depuis, c'était silence radio. Ils boycottaient leur groupe de discussion, ne répondaient pas à ses messages d'excuses. Alexandre se doutait qu'ils avaient dû créer un nouveau groupe de discussion sans lui et cela le blessait profondément. Il ressentait très fortement le fossé de solitude creusé par ce savoir et ce qu'il impliquait, ce fossé dont Ellis l'avait averti un peu tard.

D'ailleurs, après cet épisode, la jeune fille lui avait fait reprendre l'entraînement. Alexandre n'avait pas réussi à accorder toute son attention à Ellis et aux exercices sur les techniques d'esquive qu'elle lui faisait faire. Il avait l'esprit trop plein des tous récents événements et de cette dispute avec le groupe, la première qui lui semblait sérieuse et destinée à durer. Il avait évidemment perdu la grande majorité de leurs assauts, malgré la retenue d'Ellis, jusqu'à ce qu'elle déclare l'entraînement fini, parce qu'il n'était pas assez concentré. Coupable, le jeune homme n'avait pas révoqué la décision de son mentor, et ils s'étaient séparés sur ces entrefaites.

Ainsi, le jeune homme s'était retrouvé désœuvré et il avait eu tout le temps nécessaire pour faire ses devoirs, ce qui s'était avéré utile car il avait eu du mal à se concentrer, peu importait la matière ou le sujet. Il avait beaucoup hésité à mettre un message à Ellis mais s'était abstenu, il ne savait guère trop pourquoi.

En ce lundi matin huit heures, Alexandre monta vers sa salle d'histoire-géographie avec une baisse de motivation phénoménale. Il appréhendait le comportement de ses amis et un peu aussi celui d'Ellis. Le tout servi sur un cours d'histoire-géographie était plus démoralisant pour Alexandre que tout ce qu'il avait déjà connu.

Il tourna à l'angle d'un couloir et tomba immédiatement sur la porte de la salle d'histoire. Certains camarades étaient déjà sur place mais Alexandre ne vit pas ses amis. Ellis non plus n'était pas encore arrivée. Alexandre posa son sac à ses pieds et attendit.

Benoît fut le premier à arriver, en grande discussion avec Mathilde. Il ne sembla pas voir Alexandre, du moins il ne le notifia pas, et continua son chemin dans le couloir au bras de la demoiselle, vers sa salle de classe à elle, quatre portes plus loin. Alexandre le suivit des yeux. Il ne se sentait pas encore délaissé, Benoît avait souvent ce comportement quand il arrivait avec Mathilde le matin. Les garçons, souvent déjà plusieurs, le savaient, le comprenaient et ne lui en tenaient pas rigueur. Alexandre, ce matin, aurait aimé un signe de tête pour se sentir rassuré par des intentions de réconciliations, mais que Benoît ne l'ait pas salué n'était pas un comportement rédhibitoire et Alexandre gardait espoir.

EllisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant