Chapitre 31

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Alexandre eut comme un sursaut, un frisson de joie qui lui parcourut l'échine.

- Yes, murmura-t-il pour lui-même.

Il s'élança vers le groupe de silhouettes en noir qu'il venait de voir s'engouffrer dans une ruelle quelques mètres plus loin. Il surgit dans leur dos et frappa du tranchant de la main sur une nuque offerte, comme Ellis le lui avait enseigné. Le mercenaire s'affala sur le sol. Le talon d'Alexandre emboutit l'arrière d'un genou, faisant trébucher la personne. Il accompagna son geste d'un coup pour la déséquilibrer, se glissa sous sa garde pour éviter un coup de sabre d'un autre homme. Il arracha son épée à la personne sous la garde de laquelle il s'était infiltré et la réduisit à l'impuissance d'un coup de coude dans le plexus solaire.

Il se retrouva épée à la main face à un groupe de mercenaires encore trop nombreux pour lui, et prêts à en découdre.

- Ellis, ça serait le bon moment pour rappliquer, grinça le jeune homme entre ses dents.

Il se tint en garde mais fit quelques petits pas en arrière pour suivre le mouvement de pression de la patrouille qui avançait vers lui. Ellis ne surgit pas, et Alexandre se retrouva à croiser le fer seul contre tous. Il fut rapidement submergé et se cantonna à un rôle défensif, parant les coups de taille ou d'estoc de ses adversaires. Une première estafilade s'ouvrit sur son bras gauche. Le jeune homme serra les dents sous l'effet de la douleur brûlante qu'il ressentit.

Pourquoi s'être fourré dans pareil pétrin ? Ellis l'avait pourtant maintes fois averti qu'il n'était pas de taille. Pourquoi avait-il cherché la patrouille, pourquoi lui avait-il foncé dessus, tête baissée comme un imbécile de première ?

Il s'était levé motivé à trouver une patrouille et se battre, pour ne pas perdre la main. Il avait quitté l'appartement au plus vite, après s'être préparé en conséquence. Il avait déambulé dans les rues vides du centre-ville, fouillant du regard les moindres recoins à la recherche des fameuses silhouettes en noir des mercenaires. Il avait erré longtemps dans le labyrinthe de venelles désertes sans trouver ce qu'il attendait.

Gabriel lui avait envoyé un message pour lui demander si c'était le bon moment pour un entraînement. Alexandre avait fait la moue, lui avait proposé l'après-midi, plutôt. Gabriel avait accepté, les deux garçons s'étaient mis d'accord pour se retrouver vers quatorze heures au complexe sportif. Alexandre avait eu un moment de doute intense, il lui semblait que son ami avait boxe le samedi sur cet horaire. Puis il avait réalisé que ce n'était pas le week-end mais qu'après mercredi venait jeudi et il avait ri de sa méprise. C'était bon d'être enfin en vacances. La seconde avait du bon, avec près de trois mois de pause estivale.

Il avait continué à déambuler dans les rues pavées de la vieille ville, toujours cherchant la patrouille de la matinée. Il avait fini par la trouver. Immédiatement, sans réfléchir, il s'était jeté dans la mêlée. Il regrettait, maintenant.

Où était Ellis, que faisait-elle ? Pourquoi tardait-elle autant ? Alexandre se rendit compte qu'il avait escompté que la demoiselle serait présente à ses côtés pour vaincre la patrouille. Son absence lui faisait cruellement défaut. Pourtant, elle aurait dû être la première sur les lieux, avec son super-pouvoir de détection de la matérialisation d'une patrouille.

Alexandre s'affolait peu à peu. Il voyait bien qu'il ne tiendrait plus très longtemps. Une nouvelle entaille s'était ouverte dans son dos, et quand une troisième apparut sur sa cuisse, le jeune homme prit peur. Il peinait à maintenir les mercenaires à distance. Même une Ellis seule ne valait pas une patrouille, en termes de conditions de combat. Il était parvenu à en désarmer un, mais n'avait pu prolonger son avantage, et l'homme avait récupéré son arme avant de se jeter à nouveau dans la bataille, affichant une rage déterminée qui avait effrayé Alexandre.

EllisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant