34-Répulsion

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Je restais stone devant mon entrée à peine entamé, ma fourchette serré dans ma main, mais je demeurai incapable de bouger et encore moins pour porter le moindre aliment à ma bouche. Mon estomac était lui aussi coincé, il se tordait dans une peur, mélangé à une tristesse et un profond dégoût, qui me donnait un goût amer dans la bouche à la limite du vomissement. Je ne vis pas le temps passer, mais je sentais au vu de l'agitation globale du réfectoire, qu'il ne fallait pas que je tarde à finir mon plateau, sous peine d'être en retard. J'abandonnais mon entrée que je me savais incapable de finir, pour me forcer à prendre un haricot vert, une pomme de terre et un bout de steak dans ma bouche. Je mâchais difficilement la mini-portions de mon plat, mais il n'y avait rien à faire, mon corps tout entier me montrait sa répulsion par des tremblements à la limite du vomissement. Pour ne pas me donner en spectacle, alors que j'avais le cur au bord des lèvres, je pris rapidement le broc à ma gauche, fort heureusement rempli, afin de me servir un verre d'eau et de l'avaler en vitesse. Je respirais lentement en me pinçant l'arrête du nez pour ne pas régurgiter la malheureuse pauvre bouché qui allait traverser mon corps ce midi. C'était décidé, je ne pourrai rien manger de plus, mon corps et mon esprit me le refusaient.

Je relevais la tête inquiète pour savoir comment j'allais me sortir de ce guêpier, en plus mon esprit ne cessait de me rappeler l'avertissement de Romain sur ce qui allait arriver si je ne finissais pas mon plateau, et la dernière des choses que je voulais en ce moment était de le décevoir à nouveau. Cependant je ne pouvais vraiment pas manger, qu'allais-je bien pouvoir faire? Je regardais autour de moi dans une impasse, surtout quand je voyais Louis essayer de regarder l'avancé de mon assiette d'un air réprobateur, alors que son acolyte se tenait impassiblement devant l'entrée. En plus avec ma chance, je devais forcement déposer mon plateau sur le repose plateau, surveillé par un autre garde ! Mais ce n'était pas possible personne ne me laisserait gâcher la moindre miette ! Alors que je ne voyais aucunes échappatoires, elle se présenta d'elle-même quand tous les élèves de peur d'être en retards se levèrent comme un seul homme, créant un bouchon à la sortie de la cantine et au niveau des déposes plateaux. Je profitais de cette diversion plus que bienvenue, pour prendre mon plateau, le poser sur une table dans l'angle mort des gardes, et me faufiler à travers la masse afin d'échapper à mes deux gardes attitrés.

J'y réussi de justesse, enfin, c'est ce qui me semblait, mais mes sens étaient troublés par mon cur en tachycardie, cependant je ne le laissais pas se détendre de peur de me faire prendre, ou de me faire rattraper, et je partais en vitesse vers les vestiaires, pour récupérer ma sacoche, dans laquelle se trouvait toutes mes affaires de cours.

Quand j'entrais dans la pièce j'étais soulagée de ne pas voir Maeva et sa bande, mais je tombais nez à nez avec Justine et Gwendoline, cette dernière faisait comme si de rien était, alors que Justine me dévisageait lourdement me défiant de faire ou de dire quoi que ce soit. Pendant qu'elles se lavaient les dents je me dépêchais de faire de même, puis je courais chercher ma sacoche, dès que je vis qu'elles s'apprêtaient à sortir. Je gardais raisonnablement quelques mètres de distance pour ne pas m'attirer le courroux de Justine, mais je les suivais tout de même pour trouver la salle plus facilement. Heureusement pour moi c'était bien la destination vers laquelle elles se dirigeaient, car elles s'arrêtèrent devant une porte sous un couloir ouvert. Cet endroit me rappelait vaguement quelque chose, il me semblait que c'était la salle de Thomas.

Je me cachais derrière une colonne à l'écart pour ne pas me faire remarquer par quiconque. J'en profitais pour sortir ma tablette et vérifier que j'étais au bon endroit. Je fus donc rassurée de constater que j'avais bien cours d'histoire-géographie avec le colonel, malheureusement il me restait encore une bonne quinzaine de minutes devant moi, et je priais pour que Romain et lui n'aient pas encore eu vent de mes dernières incartades.

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