19-Sang-froid

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Après avoir posé nos plateaux respectifs, sur l'une des trois rangées tournantes du porte plateau rotatif qui donnait sur la cuisine, nous sortions du réfectoire sans un regard en arrière, alors que Simon et Jérémy mangeaient encore, et que George posait à peine son plateau sur la machine.

A ma grande surprise nous ne suivions pas non plus Thomas, qui nous précédait de quelques mètres mais qui partait déjà dans la direction opposée à celle que prenait Romain, qui quant à lui accélérait tellement le pas, que je dû courir pour rattraper mon retard.

Quand j'arrivais presque à sa hauteur, il ne se retourna toujours pas, je crois même que depuis qu'on était sorti du réfectoire, il ne m'avait pas adressé un seul regard, ne serait-ce que pour se soucier de savoir si je le suivais. Ce type avait tellement confiance en son autorité, qu'il ne prenait même pas la peine de me surveiller, et rien que pour cela j'avais envie de m'enfuir en courant ! Mais pour aller où ? Je savais très bien après maintes et maintes essaies infructueux, que c'était malheureusement voué à l'échec quoi que je fasse, et je n'avais pas la force de l'énerver une fois encore alors que la journée commençait à peine. Il fallait que je sois également réaliste, je n'irais pas bien loin, vu mon état de fatigue très avancé, la preuve en est que depuis tout à l'heure, je n'arrêtais pas de bailler toutes les 5 minutes si ce n'est moins.

C'est donc à moitié endormi et en sprintant encore une fois pour atteindre sa hauteur, que mon nez se prit un obstacle inattendu. En effet Romain avait encore eu la brillante idée de s'arrêter, sauf que cette fois il s'arrêta pour se retourner, pile au moment où j'arrivais en courant à sa hauteur, pour que je me prenne son torse en plein dans la figure, à croire qu'il l'avait fait exprès ! Une chose est sûre j'avais raison quand j'affirmais que son corps, devait être sculpté dans de l'acier, car mon pauvre nez, à mes dépends venait à peine d'en subir la preuve incontestable. Et à cause mon système de freinage d'urgence infructueux, j'aurais même pu me retrouver les quatre fers en l'air, si l'apollon qui se tenait devant moi n'avait pas en plus d'une éblouissante beauté, des réflexes exceptionnels, en me rattrapant in extrémis pour venir me coller à son torse plus de temps qu'il ne le fallait... Et tandis que mon nez me rappelait, qu'il était la cause de ma douleur, mon corps quant à lui s'électrisa à son simple touché, et je ne pus que m'attarder sur son odeur virile et musqué, qui m'hypnotisa pour me faire oublier jusqu'à mon nom. Mais bien trop rapidement à mon gout, il brisa malheureusement le contact, en m'écartant de lui à l'aide de ses mains sur mes épaules, alors que je me frottais douloureusement le nez en gémissant.

-On peut savoir à quoi tu joues Éline exactement ?

-Je n'ai pas fait exprès Général, j'ai baillé à peine une seconde, le temps que je relève la tête vous étiez déjà 20 mètres plus loin, j'ai couru pour vous rattraper mais quand j'ai finalement atteint votre hauteur vous vous êtes arrêté.

Je relevais la tête pour voir sur son visage une sourire espiègle et il me répondit tout sourire :

-Il faudrait peut-être que tu arrêtes de bailler aux corneilles !

Sa blague était vraiment de très mauvais gouts, personne ne rirait jamais d'une blague pareille ! Mais pile à l'instant où je me disais ça, il se mit à rire, non mais vous vous en rendez compte, rigoler à sa propre blague pourrie, je crois que c'est presque aussi triste que la blague en elle-même ! Je détournais la tête, en me retenant de justesse de lui faire remarquer, et par un immense miracle je réussi à ne rien dire. D'ailleurs je crois que j'étais vraiment en train de faire des progrès, même si ce fut donc le silence qui parla pour moi. Je ne sais pas vraiment s'il m'en tint rigueur, mais quand je vis l'objet de ma douleur, je me demandais bien pourquoi on s'était arrêté devant cette porte rouge, je n'eus même pas le temps de lui poser la question qu'il frappa entrouvrit la porte et dit :

L'espéranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant