L'espérance

32-Confessions

Après l'explication plutôt claire de Romain sur les différentes façons dont je devais m'adresser à lui, nous fument presque aussitôt, jetés dehors par George, qui avait vraiment l'air en colère, mais qui à mon humble avis craignait surtout que Romain ne change d'avis, en lui réordonnant de m'ausculter encore deux nouvelles fois, si ce n'est plus.

Nous retrouvions donc Thomas dans le couloir, qui s'était manifestement calmé, vu l'immense sourire qu'il me lança dès qu'il me vit apparaître devant lui, preuve que j'allais forcément bien sinon George m'aurait probablement gardé à l'infirmerie plus longtemps.

Romain grogna une nouvelle fois, surtout quand il vit que je répondais au sourire de Thomas. Et pour m'éloigner de ce dernier il me prit par l'épaule pour me garder près de lui, et enfin me faire sortir de l'infirmerie. J'en fus vraiment soulagé, car même si j'aimais bien George, si je pouvais me tenir le plus éloigné possible de cet endroit, je n'en serais que plus heureuse.

Dès que je respirais enfin l'air pur de la nature, j'eu l'impression de renaître, puisque tout me paraissait plus calme et plus beau tout à coup, et même les plaisanteries de Thomas pour titiller Romain me paraissaient soudainement drôle. Enfin presque drôle, mais Romain me surprit encore en rigolant aux blagues plus que pourries de Thomas. Non Romain, non, tu ne pouvais pas me faire ça. Mais en même temps le voir comme ça, changea complètement mon point de vue sur lui, et j'adorais ça, ça me faisait tellement plaisir de le voir ainsi, on aurait dit un gamin. Et c'est vrai que sa petite fossette droite caché par sa barbe parfaitement taillée, et visible uniquement quand il riait, le faisait paraître bien plus jeune qu'il n'y paraissait, ce qui me faisait penser que je ne savais même pas son âge. La première fois que je l'avais vu je lui aurais donné facilement 27 ans par sa prestance, son self contrôle et l'assurance qu'il dégageait, mais maintenant j'avais des doutes. Il dû sentir que je le dévisageais, car il se tourna vers moi avec un sourire en coin :

—Le spectacle te plaît-il Éline ?

Je voulu lever les yeux au ciel mais ma première réaction spontanée fut de sourire bêtement.

Il reprit son sérieux en regardant aux alentours pour vérifier qu'il n'y avait personne, puis glissa doucement sa main sur mon visage. Je sentis la chaleur se propager en moi, et je ne savais plus quitter son regard bleu-vert.

—Si tu savais comme tu es belle quand tu souris Éline, je n'ai jamais rien vu de plus beau, je ne sais pas ce que tu m'as fait, mais tu m'ensorcelle tellement que j'ai l'impression que le temps s'arrête à tes cotés, je donnerai tout ce que j'ai pour te voir sourire tout le temps comme ça. Mais surtout j'ai l'impression de te connaître depuis toujours, et c'est une sensation nouvelle pour moi...

Le rouge me monta aux joues et je ne savais que répondre, alors je détournais rapidement la conversation vers un sujet plus simple mais aussi plus légitime, et auquel il ne pouvait lui au contraire, se dérober.

—Dis moi Romain, quelque chose me fait cogiter depuis tout à l'heure, car je viens de me rendre compte que je ne connais même pas ton âge.

Je venais si subtilement de détourner la conversation par une interrogation indirecte, bien sûr Romain pas dupe pour un sou voyait Claire dans mon jeu, il était sur le point de parler pour me faire une remarque ou alors me répondre, mais notre cher ami Thomas ne lui laissa même pas le temps de dire un mot :

—Je n'arrive pas à croire que tu ne lui aies même pas dit que tu avais 22 ans, je suis sûr qu'elle devait te prendre pour un pépé trentenaire !

Romain le fusilla du regard pour lui rétorquer sèchement alors que je donnais raison à Thomas en rougissant :

—Eh oh le papi de 24 ans, tu es toujours là, comme je vois que tu t'ennuies, alors je t'autorise à aller annoncer la bonne nouvelle à George, que du haut de ces pauvres 32 ans c'est déjà un pépé.