L'espérance

11-La colère

Point de vue de Romain quelques minutes plus tôt :

Je savais que ma seule solution était d'emmener Éline voire George, si je voulais qu'elle reparle un jour, car son silence allait finir par me rendre fou, et je n'étais pas le seul Thomas n'avait même pas tenu une heure, quand j'y repense mes 24h était un exploit.

Mais même si j'avais tenu 24h à supporter le silence d'Éline, cela faisait à peine 30 minutes que George parlait avec elle, et j'ai bien cru que j'allais devenir fou, ne pas savoir ce qu'il se passait là-dedans me hantait, je n'arrivais pas à penser à autre chose, cet état de rage permanent m'agaçait, je ne l'avais par ressenti depuis bien longtemps. Et aujourd'hui ça m'agaçait d'être à nouveau dans cet état, sachant que maintenant, j'étais désormais réputé pour mon sang froid légendaire.

Mais là tout le personnel pouvait voir que j'étais loin d'être patient, dans un hôpital ça aurait presque pu être drôle, si le personnel médical ne me prenait pas en plus de ça pour un taré, mais c'était bien le cadet de mes soucis.

Le pire quand j'y repense devait être la façon dont George nous avait jeté dehors, il n'avait jamais haussé le ton avec moi, il me respectait bien trop pour cela.

Même s'il était mon ainé de 10 ans, il avait toujours obéi à mes ordres sans rechigner, et ne m'en avait jamais donné aucun, il y a 5 ans déjà lors de notre rencontre pendant la guerre, il ne s'était pas soucié de mon jeune âge, mais de mes actes, et alors même qu'il était mon ainé, il m'avait fait confiance sans même que j'ai besoin de lui demander, et il était l'un des premiers à obéir à mes ordres, et à blâmer ceux qui avait le malheur de me désobéir...

C'est pour cela que je n'aurais jamais pensé qu'il puisse me donner ne serait qu'un seul ordre un jour, le fait même qu'il puisse lever le ton avec moi m'était inconcevable, la situation devait vraiment être désespérée, pour qu'il réagisse comme ça, mais ce n'était pas une raison pour qu'il m'enferme dans le couloir, je déteste être impuissant et depuis qu'Éline est là, j'ai l'impression de toujours ressentir ce sentiment.

Je regardais pour la énième fois ma montre qui avait l'air figé, je n'ai d'ailleurs pas le souvenir que le temps pouvait passer si lentement, mais c'est bon mon impatience étant désormais à son apogée, j'allais entrer dans cette pièce qu'il le veuille ou non...

Mais à ma plus grande surprise au moment où j'allais me retourner pour défoncer cette maudite porte George sorti enfin, mais sans Éline à mon plus grand désespoir, je ne lui avais même pas laissé le temps de s'expliquer que je lui avais demandé ce qu'elle avait mais il ne m'avait pas beaucoup rassuré, il m'avait juste informé qu'elle s'enfermait dans son mutisme, car elle a peur, qu'on la laisse tomber, qu'on la protège, en fait elle ne croit plus en rien, elle pense que je pourrais lui faire du mal, et peu importe qu'elle le veuille ou non à partir de maintenant, je la protégerais quoi qu'il en coûte, de n'importe qui, même si pour l'instant c'est notamment d'elle même que je dois la protéger. Et bien soit je le ferais, peu importe le temps que ça me prendra, elle finira bien par comprendre que je ne veux que son bien et que je ferais mon possible pour qu'elle croit au moins en moi, pour la protéger, alors à ce moment elle se remettra à parler et alors je ferais d'elle ma soumise, et alors plus jamais elle ne doutera que quelqu'un ne puisse et ne veuille pas la protéger, et au moment où elle aura confiance en moi et moi en elle, alors elle sera libre d'être elle-même, de vivre sa vie...

C'est muni de cette nouvelle détermination que je bousculais George pour rentrer dans son bureau mais ce que je vis me glaça le sang...

Il n'y avait personne, seule la fenêtre ouverte poussée par le vent brisé le silence de cette pièce.

J'étais fou de rage, je le savais qu'il ne fallait pas la laisser seule, mais elle avait dû rester quoi 5 minutes seulement, moins de 5 minutes c'est le temps que ça lui a pris pour se rendre compte qu'on ne pouvait pas l'aider, et qu'elle ne voulait même pas nous, que dis-je me laisser une chance.