Vingt-trois

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Je ne peux pas m'empêcher de rester quelques longues minutes dans ce grand lit. Je suis persuadée qu'au moment où je me lèverais et verrais Jake, la journée passera incroyablement vite, trop vite à mon goût, et qu'en un claquement de doigts je me retrouverais à l'aéroport pour rentrer au pays.

Je ne suis pas partie en vacances depuis des années et, à bien y réfléchir, je n'ai jamais réellement apprécié cette expérience. Les retraites scolaires s'effectuaient toujours dans notre chère Angleterre. Mais je me rappelle quand même ce triste sentiment que l'on ressent le jour du départ, lorsque l'on ne veut pas rentrer chez soi. À cela, il faut rajouter les au revoir que je vais devoir faire à Jake et l'incertitude que j'ai quant à notre prochaine rencontre. Quand allons-nous nous revoir ? Dans quelles circonstances ? Pour combien de temps ? Trop de questions qui me font mal au ventre et que j'essaie, certes un peu vainement, de faire disparaître de mon esprit. Mais, en restant allongée ici dans ce grand lit, ça n'aide pas vraiment, car je ressasse tout. Alors je décide, bien qu'à contrecœur, d'en sortir et de passer le peu de temps qu'il me reste en compagnie de mon ami.

Première étape : me rendre dans ma salle de bains privée annexée à la chambre. Étonnement, je décide de rester en pyjama. M'habiller, cela équivaudrait à me préparer au départ et cette idée me chagrine trop pour le faire tout de suite. Je me contente de me brosser les dents et les cheveux. Puis, de toute façon, j'ai un simple jogging et t-shirt blanc, ça aurait été plus honteux si je m'étais promenée avec mon pyjama Mickey (que je n'ai évidemment pas apporté pour le voyage !).

Je sors ensuite de la salle de bains et m'approche de la porte de la chambre, prête à savourer les dernières heures qu'il me reste. Mais en ouvrant cette dernière, je me retrouve nez à nez avec Jake, une désagréable impression de déjà-vu s'empare instantanément de moi et me fait reculer de quelques pas.

— Tu m'as fait peur, idiot !

— Je suis un peu désolé, s'excuse-t-il en réprimant un rire.

— Un peu ? Seulement ?

— Il fallait quand même bien que je vienne te réveiller. Il est bientôt midi et ton avion est à dix-huit heures.

— Tu n'étais pas obligé de me le rappeler, murmuré-je d'une voix boudeuse.

— Tu n'es pas obligée de partir, m'annonce Jake.

Ça paraît si évident dans sa bouche, comme si c'était normal pour moi de rester. Il en dit des bêtises parfois...

— Tu n'es vraiment pas drôle comme ami...

— Je ne suis pas drôle, mais au moins je suis sérieux.

— T'es cinglé ! corrigé-je en comprenant qu'il ne rigole pas. Tu sais, tout le monde ne peut pas prendre des vacances quand ils le veulent.

— Ce n'était qu'une proposition.

— Que je dois malheureusement décliner, l'informé-je en affichant une moue très triste.

— Tu vas vraiment tirer cette tête toute la journée ? me questionne-t-il. Tu as passé de bonnes vacances, non ? Alors souris, Aby ! Cela ne sert à rien d'être triste pour les heures à venir...

Je hoche doucement de la tête, convaincue que Jake a raison.

— Mon avion est à dix-huit heures c'est ça ? Mais le taxi vient me chercher ici quand ?

— Quel taxi ? s'étonne Jake alors que nous sortons dans le couloir.

— Probablement le taxi qui doit m'amener à l'aéroport ?

Scènes Coupées | Tome ☆ : Silence ! [/en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant