Scènes Coupées | Tome ☆ : Silence ! [/en réécriture]

Trente

J'arrive près de l'entrée du bâtiment à peine une minute plus tard, en ayant pris un peu mon temps dans les escaliers tellement l'anxiété s'est emparée de moi et m'a fait ralentir le pas. Je me stoppe d'ailleurs net en apercevant mon rendez-vous de l'autre côté de la porte vitrée du hall d'entrée.

Carver est habillé d'un costume trois-pièces noir et d'une cravate assortie. C'est plutôt sobre, mais très élégant, surtout que j'ai toujours eu un faible pour les hommes en costume et il ne fait aucun doute qu'il le porte très bien.

Il regarde de l'autre côté de la rue, la main dans une de ses poches. Il ne m'a pas encore vue, c'est peut-être l'occasion pour moi de m'enfuir, de remonter dans mon appartement et de prétexter un soudain état grippal. Mais, au lieu de ça, je décide de pousser la porte du hall et de le rejoindre.

Mon « cavalier » se tourne au même moment et m'adresse un large sourire. Carver Marsh est quelqu'un de très charismatique et je ne peux nier que son sourire est quelque chose qui m'a marquée tout au long de la soirée chez Jake et du voyage en avion. C'est absolument craquant, intense et me ça donne envie de sourire à mon tour.

— Bonsoir, Abigail, me salue-t-il chaleureusement.

Carver fait quelques pas vers moi, place sa main droite délicatement sur mon bras gauche et dépose un exquis baiser sur ma joue. Ce contact me fait frissonner tant il est rare dans ma vie.

— Tu es ravissante, me complimente-t-il presque en murmurant et en se reculant.

Je n'ai ni miroir, ni surface réfléchissante à portée, il m'est donc impossible de savoir si je suis devenue toute rouge, mais j'ai quand même l'étrange sensation que mes joues se sont légèrement empourprées.

— Merci, dis-je avec le peu d'assurance que j'arrive à trouver au fond de moi, je ne savais pas comment m'habiller pour un restaurant de la sorte alors...

— Ta tenue est parfaite, me rassure-t-il en s'approchant de la voiture.

Carver m'ouvre la portière et m'invite à y prendre place, ce que je fais la seconde d'après en le remerciant timidement. Il s'installe à son tour assez rapidement et nous démarrons.

— Comment vas-tu ? me questionne-t-il aussitôt en m'adressant un sourire. Tu t'es totalement remise du voyage ?

Commencer par les banalités d'usage, ça m'aide bizarrement à m'apaiser et à me mettre dans une ambiance tranquille et « normale ».

— Je vais très bien et je suis totalement remise. Sinon je n'aurais pas accepté le... la sortie.

Parler avec Lily et dire le mot « rendez- vous » en sa présence, ça ne m'a pas dérangé, mais avec Carver c'est différent. Le mot prend un tout autre sens, il devient plus réel.

— Et toi comment vas-tu ? Comment s'est passée ta semaine ?

— Je vais bien et ma semaine a été plutôt calme, trop calme, avoue-t-il.

— Est-ce que tu as décidé de m'inviter pour ne plus t'ennuyer ?

Autant dire que je regrette mes paroles la seconde d'après, peut-être aurais-je dû y donner une intonation, comme celle de la plaisanterie.

— Absolument pas, se défend-il avec un rire amusé. Je ne savais pas que j'allais autant m'ennuyer quand je t'ai appelée. Je devais normalement passer du temps avec ma famille, mais il y a eu plusieurs imprévus dans la semaine et les sorties se sont annulées.

— Tu as des frères et sœurs ? en profité-je en attrapant le sujet à la volée.

Aussi bête que ça puisse être, les seules choses sur lesquelles nous avions discuté à son propos dans l'avion, c'est de ses films. Je ne sais pas énormément de choses personnelles à son sujet.