Scènes Coupées | Tome ☆ : Silence ! [/en réécriture]

Vingt-sept

Je vous souhaite une belle année ♥

Mon regard passe plusieurs fois, et assez rapidement, entre Lily et le téléphone. J'ai peur que Lily fasse encore une bêtise, alors je me précipite vers le combiné et l'attrape avant elle. Ma meilleure amie esquisse un sourire amusé avant de se lever, bizarrement joyeuse.

— Je me charge des commandes, m'informe-t-elle avec un grand sourire avant d'aller vers l'arrière-boutique.

Je m'empresse de prendre l'appel avant que l'interlocuteur ne décide de le rompre. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est en tremblant que j'appuie sur le bouton et approche l'appareil de mon visage.

— Allô ?

— Abigail ? s'assure une voix masculine un peu perplexe à l'autre bout du fil. C'est Carver.

— Je suis sincèrement désolée.

Je ferme les yeux en m'installant sur la chaise du comptoir. J'ai prononcé ces derniers mots un peu plus lentement, me sentant légèrement gênée et embêtée par la réaction qu'a eue mon amie, il y a moins d'une minute. Même si j'ai renoncé à comprendre toutes les réactions qu'elle peut avoir, parfois ça ne fait pas de mal de comprendre. Si elle pense pouvoir échapper à une conversation en partant distribuer les commandes, elle se trompe lourdement ! Oublie-t-elle que j'ai ma valise chez elle ? Que nous sommes collègues ? Mais surtout meilleures amies ? Elle ne paie rien pour attendre. De plus, entre la blague d'hier et aujourd'hui, j'ai vraiment des raisons de me venger de son comportement digne d'une adolescente.

— J'imagine que c'est Lily ? présume-t-il.

Sans le voir, j'ai l'impression qu'il sourit. Si je m'étais mis un des amis de Jake à dos, je m'en serais probablement voulu. Ne vaut-il mieux pas s'entendre avec la majorité de ses amis ? Je le pense... En y réfléchissant bien, il y a peu de chance que je recroise ses collègues un jour. Il faut déjà que je sache si nous allons nous revoir en chair et en os, alors eux, je n'ose même pas imaginer.

— C'est bien Lily, affirmé-je un peu plus apaisée.

— Quand tu m'as dit qu'elle était un peu spéciale, me rappelle-t-il avec un rire, je ne pensais pas que c'était à ce point- là. Elle avait l'air plutôt calme à l'aéroport.

— Oh ça c'est Lily toute crachée... La première impression n'est pas forcément la bonne. J'espère qu'elle ne t'a pas trop effrayé...

— Oh non ne t'en fais pas, me rassure-t-il. Il m'en faut plus pour prendre peur.

Les mots de Carver ont pour effet de faire disparaître tout embarras... Jusqu'à ce silence gênant qui a duré trois très longues secondes.

— Pourquoi appelles-tu ?

— Je voulais prendre de tes nouvelles. Je voulais déjà le faire hier, mais je n'avais aucun moyen de te joindre, alors j'ai attendu aujourd'hui. Comment vas-tu ?

— Ça va beaucoup mieux, lui fais-je savoir avec un large sourire. C'est vraiment gentil de ta part, mais...

Je me stoppe, vais-je encore repousser quelqu'un « à cause » de sa gentillesse ?

— Mais ?

— Non rien, c'est vraiment très gentil. En fait, il y a bien un mais !

Sur ces derniers mots, je me redresse et reprends mes esprits.

— Je ne t'ai donné aucun numéro.

— Certes tu marques un point, admet Carver avec un rire nerveux. Je crains avoir joué au détective, mais c'était très facile. Tu m'as dit travailler à Domsburry en tant que fleuriste. Il n'y a pas énormément de boutiques de fleurs.