Scènes Coupées | Tome ☆ : Silence ! [/en réécriture]

Quarante-deux

Depuis mon retour de Californie, il y a presque quatre semaines, j'ai été habituée aux coups de fil de Jake et aux visites de Carver. Alors, quand le premier se contente de quelques messages, hormis le rapide coup de fil du vendredi soir, et le second de brefs appels, j'ai commencé à me sentir un peu seule, un peu « dépouillée », malgré la présence de Lily...

Ça a toujours été elle et moi, mais quand ces deux hommes ont subitement débarqué dans ma vie, j'y ai rapidement pris goût et leur absence se fait ressentir assez rapidement. Heureusement, Carver n'est parti que depuis mardi soir, il y a donc de cela cinq jours. Il ne me reste plus qu'à attendre lundi pour le voir vu que Lily m'a fait promettre de garder mon dimanche pour elle. Et on ne peut rien lui refuser.

Je retrouve donc Lily à son appart, qui est déjà bien fatiguée à cause du marché aux fleurs du matin même. Ma collègue a toujours insisté pour y aller seule, c'est la plus douée de nous deux pour faire des affaires et je ne m'en plains pas, Dieu que j'aime ma grasse matinée du dimanche matin !

— Tu as une sale tête, la salué-je.

J'entre dans son appartement en lui tendant un paquet où croissants et pains au chocolat l'attendent. Lily me tire la langue avant de fermer la porte et de rejoindre la cuisine sans m'attendre, elle est probablement très affamée : elle s'enfile un premier pain au chocolat en moins d'une minute.

— Oh mon Dieu ! s'exclame-t-elle soudainement.

Je sursaute légèrement avant de retirer mon manteau.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Tu dois me raconter quelque chose !

— Arrête de manger alors parce que tu risques de t'étouffer, lui conseillé-je avec un fin sourire.

Ma meilleure amie acquiesce, avale ce qu'elle a dans la bouche avant de lever la main en signe de pause : elle est prête à m'écouter. Je lui raconte tout dans l'ordre : mon arrivée, la discussion et bien évidemment je prends mon temps concernant la partie du dîner. Lorsque je commence à narrer l'incident et ma réaction, je vois Lily trépigner de joie sur sa chaise : il lui est difficile de rester en place tant mon histoire semble l'émerveiller au plus haut point.

— Je n'en reviens pas que tu aies dit et fait ça !

Lily commence à faire les cent pas, tentant de calmer le fou rire qui vient de s'emparer d'elle.

— J'aurais tellement voulu voir ça ! s'extasie-t-elle.

Il faut cinq bonnes minutes, durant lesquelles mon amie me fait répéter plusieurs fois la scène, toujours avec le plus de détails possible, pour qu'elle se décide à se réinstaller, légèrement remise de ses émotions, mais prête à repartir dans un fou rire. Quant à moi, il m'est facile de sourire et de rire à ses côtés. La vie est belle.

— Je pense à quelque chose, m'apprend-elle alors qu'elle entame son second pain au chocolat.

— Quoi donc ?

— Heureusement que tu ne sors pas avec Jake, m'explique-t-elle en riant. Ce serait vraiment trop compliqué vu qu'il vit à l'autre bout du monde. Alors qu'avec Carver, il n'y a pas de soucis, il n'y a pas de risques que tu disparaisses pendant plusieurs mois. Tu peux habiter avec lui, j'aurais toujours ma meilleure amie.

Je reste immobile, stupéfaite des supposions qu'elle peut faire sur un futur lointain.

— Premièrement, énoncé-je, t'as vraiment de drôles d'idées. Sérieusement, tu penses à ce genre de choses toi ? Deuxièmement, tu me dis de pas me précipiter, mais tu parles d'emménagement. Est-ce tout va bien dans ta petite tête ? Troisièmement, tu passes vraiment du coq à l'âne.