Scènes Coupées | Tome ☆ : Silence ! [/en réécriture]

Quarante-trois

Un mois plus tard

Il y a des matins où je me réveille avec une étrange sensation dans le ventre, comme si je savais que quelque chose de spécial (ou d'horrible) allait m'arriver, comme aujourd'hui.

Cette sensation s'est doucement installée à mon réveil avant de disparaître brutalement en fin d'après-midi, lorsque Carver est venu me chercher pour aller dîner.

Depuis un mois, une certaine routine s'est installée. Je dîne tous les vendredis soir chez lui, et quelques autres jours également. Quant à mon samedi soir, il est consacré à Jake, quand ce dernier arrive à s'extirper un peu du plateau. Et mon dimanche c'est pour Lily.

Entre le travail, les amis et le petit-ami, je n'ai pas vraiment une seconde à moi. Cependant, cela ne me dérange pas le moins du monde, bien du contraire. C'est plaisant d'avoir des activités diverses, de parler à d'autres personnes que Lily, de sortir de la routine que j'appelle désormais celle « avant Jake ». Je commence à regoûter à la vie ou plus simplement à vivre.

Avant, c'était la semaine que je préférais, parce qu'il m'arrivait de m'ennuyer un peu les week-ends. Mais maintenant, c'est tout l'inverse. J'ai hâte de déguster la cuisine de Carver, de parler avec Jake et de tout raconter à Lily le dimanche.

Les semaines qui se sont écoulées ont été vraiment agréables... Si on met de côté les quelques photos qui sont sorties sur les sites et les magazines ainsi que les trois ou quatre fans qui ont également retrouvé l'adresse de ma boutique. Dieu merci, elles ont rapidement compris qu'il ne valait mieux pas insister, surtout en voyant ma collègue.

Jake me manque. Cela me manque de ne pas pouvoir lui parler tous les jours comme on le faisait auparavant et ça me fait un peu plus mal tous les jours de lui cacher la visite de son ancien manageur. Plus le temps passe, plus je trouve difficile de lui en parler, voire même ridicule. À quoi bon lui apprendre maintenant ?

Quant à Carver, il n'a pas dû énormément s'absenter, sauf un jour ou deux par-ci, par-là. Son agenda est allégé après quelques années bien chargées. Il n'a donc pas eu le temps de me manquer.

C'est en l'apercevant que cette boule au ventre a disparu, sans que je ne saisisse une explication. Et elle n'est plus réapparue depuis, ni pendant le trajet ou quand nous sommes arrivés chez lui.

Cet homme est vraiment une perle. Il est patient, gentil, il sait cuisiner, il sait toujours quoi dire. Hormis oublier quelques informations, Lily est toujours à la recherche du gros défaut qui le ferait descendre du piédestal sur lequel elle l'a placé il y a déjà un certain temps de cela.

— Tu es prête ? me demande-t-il.

Je relève la tête vers mon interlocuteur avant de jeter un œil à ce qui m'entoure. J'ai l'impression qu'il y a à peine une minute encore, j'étais dans ma boutique et là je suis dans la somptueuse cuisine de Carver à préparer le dîner. Enfin, à suivre ses instructions en tout cas.

Ce genre d'absence m'arrive de plus en plus fréquemment ces dernières semaines, me faisant oublier où je suis et ce que je fais. Ma tête est trop pleine de pensées pour arriver à les mettre dans un coin suffisamment longtemps. Cela me complique également la tâche pour m'endormir, mais ce n'est pas problématique. Pas encore du moins.

Je consens d'un signe de tête, tout en replongeant dans une certaine méditation alors que mes pas me mènent à table. Je dépose les assiettes que j'ai en main avant de m'y installer, le ventre gargouillant. Cela fait si longtemps que je n'ai pas mangé des pâtes aux scampis !

— Tu as eu des nouvelles de Jake ?

— Pas depuis samedi dernier.

Ça fait un mois qu'il est parti faire ce fichu tournage. Enfin, un mois et demi si on compte les deux semaines d'entraînement qui ont précédé. Ça m'a paru à la fois long et court. Long par son absence, court par la présence de mon petit ami. Jusqu'à ce que ce dernier parte à son tour, dans un peu plus de deux semaines. Le temps va me paraître bien long sans eux deux et j'ai peur de retomber dans ce quotidien qui me paraît tellement ennuyeux désormais et que j'exècre presque.