Onze

341 49 21
                                    


Et donc, où comptes-tu m'emmener ? demandé-je, très curieuse désormais.

— Je ne te le dirai pas ! me répond-il en rigolant et en faisant rentrer Nautilus à l'intérieur.

— C'était prévisible ! Je n'ai même pas droit à un indice ? Un tout petit riquiqui minuscule indice ?

Je lui fais mes yeux de chien battu et bats des cils plusieurs fois. Jake ne semble pas du tout attendri par ma tentative pour lui soutirer des informations.

— Même si je te donnais des indices, tu ne trouverais pas, me certifie-t-il en refermant la porte du jardin.

— Tu vas m'emmener en plein milieu d'une forêt et me séquestrer ? supposé-je en simulant une tête horrifiée.

— Oh non, ce serait trop prévisible, plaisante-t-il. J'espère que cela ne te dérange pas si Nautilus nous accompagne.

— Est-ce que tu as oublié qu'il y a à peine vingt minutes j'ai voulu le kidnapper ?

— Je vais prendre ça comme une réponse, tu es prête ?

— Prête pour l'aventure, dis-je en hochant la tête.

Jake m'invite alors à le suivre, toujours en souriant. Mes peurs et mes questions se sont un peu envolées et je pense très sincèrement que c'est la meilleure des choses à faire, pour lui comme pour moi. Cette semaine pourrait ne mener nulle part, mais je sais que j'en retirerai quelque chose. C'est une aventure que je me dois de vivre, comme l'a dit Lily. Je n'ai aucune certitude, je sais juste qu'en rentrant à Angleterre, j'entamerai une nouvelle vie.

Nous arrivons dans son garage où trois voitures attendent patiemment que l'on se serve d'elles : un 4x4 noir, une voiture grise qui semble assez luxueuse et une voiture bleue qui paraît assez... banale !

— Oh, mon dieu, s'exclame alors Jake, ennuyé.

— Quoi ?

— J'ai oublié ta valise, répond-il hilare. Je vais la chercher.

Sur ces derniers mots, il s'en va d'un pas rapide et me laisse avec Nautilus. Je me retrouve devant trois voitures qui, à elles seules, doivent peut-être valoir la maison de mes parents. Bon j'exagère peut-être un peu, mais rien que celle qui semble luxueuse, la grise dont je remarque par le logo qu'il s'agit d'une Ferrari, vaut probablement des centaines de milliers de dollars. Je trouve ça dingue qu'une personne qui vit seule ait acheté trois voitures différentes. À quoi peuvent-elles bien lui servir ?

— Tu m'as l'air bien songeuse, me fait remarquer Jake en revenant une dizaine de secondes plus tard.

Par chance, même si je ne l'ai pas entendu, je ne sursaute pas.

— Ah bon ? dis-je sur un ton faussement étonné.

— À quoi penses-tu ? me demande-t-il avant de contourner la voiture bleue et d'ouvrir le coffre.

— À rien en particulier, je lui fais savoir avec un faux sourire.

— Tu sais, même si sur Internet c'est facile de mentir...

— Ça, c'est certain, lâché-je sans pouvoir m'en empêcher.

Mon cœur s'arrête un instant en me rendant compte de ce que je viens de lui balancer, bien malgré moi, au visage. Pour manquer de tact, là je suis vraiment douée. Même si je n'ai pas envie de brider mes émotions, il n'est pas forcément utile que je laisse tout s'échapper sans filtrer.

— Excuse-moi, ce n'est pas ce que je voulais dire...

Il me faut une volonté de fer pour pouvoir le regarder dans les yeux, je m'en veux affreusement d'avoir dit ça... C'est vraiment débile de ma part.

Scènes Coupées | Tome ☆ : Silence ! [/en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant