Scènes Coupées | Tome ☆ : Silence ! [/en réécriture]

Quarante-et-un

Je sais que la période est compliquée, donc j'ai décidé de vous publier les derniers chapitres de ce premier tome qui, je l'espère, arriverons à vous distraire un petit peu. Courage, prenez soin de vous ♥

Je suis désormais habituée aux visites les plus improbables dans ma petite boutique de fleurs. Entre acteurs mondialement connus, fans quelque peu exécrables et ex-manageur bourré, je suis servie. Il ne reste plus qu'un paparazzi trop intrusif... Très honnêtement, c'est cette hypothèse que j'aurais préférée. J'ai l'impression que ça aurait été plus simple de le faire partir.

Cependant, je me trompe quant à la prochaine visite. Ce n'est aucune personne liée au monde du cinéma, de près ou du loin, qui fait irruption dans ma boutique le jeudi après-midi, une petite heure avant la fermeture. Cette visite me donne d'ailleurs envie de faire toutes les commandes à partir de maintenant et de laisser Lily mettre les gens dehors, quels qu'ils soient, hormis Jake et Carver, bien évidemment. Oui, j'aurais nettement préféré que ce soit Lily qui s'occupe de jeter ma sœur de dehors, en sortant les griffes si tel avait été son souhait.

S'il y a bien une personne que je ne m'attendais pas à voir, c'est bien elle. Ou l'un de mes parents. En tout cas n'importe quel membre de ma petite famille. Surtout qu'aucun d'entre eux n'a eu la décence de venir à l'ouverture de la fleuristerie et n'y a jamais met les pieds les années qui avaient suivi. C'est donc la première fois que ma sœur me fait « l'honneur » d'y faire un tour.

Ça fait un peu plus d'un mois que je l'ai vue, une période bien trop courte. Candice est toujours égale à elle-même, elle respire la perfection, un parfum qui me rend malade. Aucun pli dans sa tenue à cinq cents livres, aucune mèche de cheveux mal placée, des ongles parfaitement manucurés et une posture droite et fière.

— Bonjour Abigail, me salue-t-elle très gentiment et chaleureusement.

Je reste quelques secondes silencieuse à la toiser sans réellement savoir ce que je dois lui répondre. Jamais elle ne m'a parlé d'une telle façon, comme si... comme si j'étais son égal, avec un sourire très agréable. La fille froide que j'ai connue comme étant ma sœur depuis ces vingt-six dernières années me paraît très... joviale. Une première. Mais mon amertume reprend le dessus.

— Qu'est-ce que tu veux, Candice ? l'interrogé-je assez froidement.

J'essaie moi-même de trouver la réponse à cette question. Je ne vois absolument pas ce qu'elle fait ici, je n'ai rien à lui offrir, elle n'a jamais voulu avoir de sœur après tout. C'est une chose que je sais, même si elle ne l'a jamais avoué de vive voix.

Elle qui s'en sort si bien socialement et économiquement parlant, que fait-elle ici ? Ce n'est sûrement pas pour les fleurs qu'elle vient, oh non je ne suis pas une fleuriste assez réputée pour madame.

— Je suis venue m'excuser, m'annonce-t-elle en faisant quelques pas vers moi. M'excuser de la part de nos parents aussi.

— Tu es tombée sur la tête ?

Je fais des gros yeux tandis alors que Candice lâche un agréable rire avant de replacer une mèche de cheveux derrière son oreille et reprendre la parole, toujours souriante.

— Nous nous sommes rendu compte à quel point nous avons été stupides, Aby. Nous aimerions réparer nos erreurs et nous serions très heureux que tu viennes dîner demain soir. Qu'en dis-tu ?

Je ne sais pas ce qui me surprend le plus. Que ma sœur débarque dans ma boutique ? Qu'elle s'excuse, pour elle et pour nos parents ? Qu'elle m'apprenne qu'ils veulent tous une seconde chance et ont compris leurs erreurs ?