HOT CHILI - saison 6 ✥ volume 2/2

S06 (vol 2) - EP 01 ✥ part I

Partie 1/3

— Fiston, tu as une minute ?

Portable à l'oreille, Rudy tourna son fauteuil vers son père et leva un doigt pour le faire patienter.

— Je te rappelle. ...Oui, promis. Mais tu fais comme j'ai dit, Grand-père, c'est pas négociable. Ce sera lui et personne d'autre.

Dean dressa l'oreille. Cependant, le volume bas du téléphone ne lui permit pas de saisir le propos de Vince.

— Parce que je l'ai décrété, statua Rudy, péremptoire.

À l'idée que son fils mène son père par le bout du nez, Dean réprima un sourire. Néanmoins, cela le troublait, tant Vince semblait une autre personne avec Rudy. Ce dernier, de toute évidence, n'avait pas « une minute » à accorder à son paternel, vu la prolongation de sa conversation téléphonique.

— Non, il n'a rien dit à ce sujet, il est aussi muet qu'une carpe. En même temps, l'inflammation de ses cordes vocales ne lui autorise pas à taper la discute. ...Quoi, tu l'ignorais ? ...Pourtant, la rumeur court que tu connais jusqu'aux couleurs des dessous de ceux qui travaillent pour toi.

Dean remua la tête, consterné. Rudy pouffa à un commentaire de son correspondant.

— Je t'assure qu'elle circule. D'ailleurs, faut que tu m'apprennes comment tu t'y prends. (Dean sourcilla, mais sa réaction fut le cadet des soucis du fiston.) ...Ça ne devrait pas te surprendre que je discute avec mon garde du corps. C'est normal d'initier la conversation avec la personne chargée de ma sécurité.

Cette fois, Dean s'impatienta :

— M'accordes-tu une oreille ou dois-je prendre rendez-vous ?

Du bout des lèvres, Rudy l'exhorta à proroger son passeport au pays de la Patience et revint à Vince.

— C'est absurde de ne pas échanger avec les personnes responsable de ta sécurité rapprochée, Grand-père ! C'est pire si tu les snobes.

— Rudy...

— Ton fils estime que tu m'as assez accaparé, glissa Rudy, vil. Tu me vois forcé d'écourter notre conversation.

Son père lui lança un regard torve et marmotta :

— Toi, tu es contre la paix dans le monde.

Rudy rit, une fois de plus, à une réplique de son grand-père. Étreint d'un sentiment de solitude, Dean grommela en sourdine. Son garçon riait avec Vince. Il devrait s'en réjouir, or il le voyait d'un mauvais œil.

— On en reparle, dit Rudy. Je veux l'évaluer, ou au moins le voir à l'œuvre lors d'un exercice... Fais un bisou à Grand-mère de ma part. ...J'insiste. Tu la prends dans tes bras et tu lui fais un gros câlin de ma part. Je lui demanderai confirmation. À bientôt, papy.

Il raccrocha, amusé. Dean peina à dissimuler sa sidération en visualisant le tableau d'un Vince embrassant Natasha de la part de son fils.

— T'as le bonjour de ton père.

— Pour ce que ça vaut, grogna-t-il.

Au renfrognement de Rudy, il ravala un soupir. Comment plomber l'ambiance en une leçon ? Voir avec Dean Leblanc. Il tenta de se rattraper :

— Que désirait-il ?

— Lui, rien, éluda Rudy, sec. Puis-je te retourner la question, Père ?

Dean se maudit pour son manque de tact. Son garçon lui faisait payer la facture. Les tortuosités du chemin de sa relation avec Rudy, jadis sans embuches, l'angoissaient désormais. Pour l'heure, un autre sujet nourrissait ses inquiétudes et sa priorité justifiait l'interruption de la conversation de Rudy avec son aïeul.