HOT CHILI - saison 6 ✥ volume 2/2

S06 (vol 2) - EP 04 ✥ part I

Partie 1/3

À chaque fois que l'homosexualité de son cousin se rappelait à lui, Regan luttait contre son malaise. Le regard juge, il se pinça les lèvres. Comment Rudy pouvait-il se montrer à l'aise dans les bras d'un autre homme ? Un homme, bordel ! Un inconnu de surcroît. Être gay justifiait-il de laisser le premier péquenot mâle envahir son espace personnel ? Apparemment oui, si Regan considérait le batifolage de Rey Lee-Cooper et Saïd Zahed, à la soirée dansante du weekend dernier. Il ne l'aurait pas cru possible, mais il connaissait des gays... et des lesbiennes. D'un autre côté, à quoi s'attendait-il en intégrant un comité soutenant une Gay-Friendly Motion ?

Quant à ces gays de sa connaissance – même s'il étiquetterait difficilement Rey comme sa « connaissance » –, ils piétinaient tous la notion d'intimité ou d'espace personnel. Un défaut propre aux homos, sans doute. Le temps de trois danses, Saïd s'était laisser tripoter ou bécoter par au moins quatre partenaires. L'étudiant, d'une audace insoupçonnée, flirtait de manière indécente et suscitait l'intérêt ou le mépris, quand Rey récoltait le dépit des groupies. Désormais, Regan comptait son cousin dans les statistiques de cette minorité hors norme, responsable du sourcillement de la majorité hétéro.

— Tu es d'une prudence exemplaire, rumina-t-il.

Pour quelqu'un qui revient d'un enlèvement, se garda-t-il d'ajouter.

— Si tu t'inquiètes, cher cousin, pourquoi ne pas venir et vérifier toi-même que je ne risque rien ? railla Rudy. Ta prudence exemplaire nous sera d'un grand secours.

Junior pouffa. Une fois de plus, Rudy manipulait Regan. La mine fermée, ce dernier lui emboita le pas jusqu'à sa voiture, comme Mir se dirigeait vers la sienne. La sportive rutilante blanche, aux jantes violacées, fit forte impression, au point de générer l'interrogation :

— C'est quel modèle ?

— Mercedes SLS AMG 2014, débita Junior. Soulage-moi d'un doute. Tu préfères la compagnie du fils illégitime ? ironisa-t-il.

— Un fils de seconde couche reste préférable à son fidèle toutou. Je n'ai aucune conversation avec les clébards, même si un bâtard peut se révéler intéressant.

— Tu aurais déjà perdu deux dents si Mir t'avait entendu, grommela Junior.

Pourquoi ce type excellait-il à être désagréable ? Regan élevait cela au rang d'art. On ne pouvait trouver deux cousins aussi éloignés, tant, à côté, l'amabilité de Rudy passerait pour angélique. Néanmoins depuis le drame à Nior, Junior réalisait à quel point Rudy différait d'un ressortissant de l'Empire Leblanc. Parce que Dean, autre étrange spécimen, avait réussi l'exploit de détacher son maillon de cette chaîne redoutable qui scellait certains domaines de l'avenir de l'État. Cette dissemblance expliquait la fascination que Junior n'avouerait pas éprouver envers Rudy, au contraire de la répulsion que lui inspirait Regan.

— Tu crois vraiment qu'il oserait me toucher ? renifla celui-ci. Mir serait suicidaire de tenter quoi que ce soit quand l'Empire est à cran.

Sa suffisance horripilante reposait sur un fondement réel. Junior tiqua.

— C'est la première fois que je t'entends te référer à ta famille en ces termes. « L'Empire ». En général, ce sont les autres qui comparent le clan à un empire. Même si vous n'en pensez pas moins, vous modérez vos propos lorsque vous faites allusion à votre si « vaste » influence. Que tu assumes cette espèce de « suprématie » aujourd'hui en dit long sur les changements qui s'opèrent au sein de la White chain. Intéressant.

Regan lui servit une œillade méfiante. Souvent, bien plus qu'à son goût, la perspicacité de Junior le déstabilisait. Il avait aussi constaté que seul avec lui, Junior rehaussait son élocution. Ça aussi, c'était « intéressant ». Et enfin, le jeune homme avait le mérite de saisir que les Leblanc aiguisaient désormais leurs dagues. Mais le reconnaître serait accorder trop d'honneur à ce bellâtre arrogant, responsable de sa position d'éternel second depuis le collège.