Partie 2/3
Mercredi
— Vous n'en avez pas marre qu'on impose un corset inconfortable à votre liberté d'expression depuis le début de l'année ?
— Il existe des corsets confortables. Parle de ce que tu sais ! lança une étudiante au premier rang.
Rudy essaya de l'identifier, en vain. Troisième année, promo L.E.A.D., discours peu constructif. Son voisin, partageant de toute évidence son opinion belliqueuse, en rajouta une couche.
— Sauf ton respect, nous savons qui tient le comité de censure dans cette fac.
Rudy toisa Charles De Chastaigne, tandis que des murmures approbateurs emplissaient la salle. Dans le lot, certains semblaient s'ennuyer. Soit : il prendrait le taureau par les cornes.
— C'est Jonathan Leblanc qui gère la censure des médias quand ma famille est impliquée.
L'aveu souleva un hoquet de surprise. Rudy essaya de ne pas rouler des yeux. Comme s'il s'agissait d'un scoop !
— Aux dernières nouvelles, je suis Rudy Leblanc. Essaye de ne pas me confondre avec mon parrain, Charles. Jusqu'à preuve du contraire, nous sommes deux personnes distinctes. Je te parle de ta liberté étudiante. De ta vie à Darney. La censure audiovisuelle n'est pas le sujet de cette réunion. Si tu comptes m'attaquer sur la base de mon nom, sois prêt à en subir les conséquences. Je vais rendre les coups. Ne me donne pas l'occasion d'y prendre plaisir.
Un silence inconfortable s'imposa. Mikael contint son rire. Le petit tyran était mignon ! D'un menton dédaigneux, Rudy désigna Charles.
— Ça, là, c'est l'exemple même de notre point faible. La ségrégation en comités restreints, en clans. Les étudiants L.E.A.D., d'un côté, et le reste, de l'autre. Une espèce d'apartheid qui ne dit pas son nom.
Dévisagés par les non-inscrits au bâtiment Saphir, les concernés s'agitèrent, mal à l'aise. Ils n'étaient pas venus à leur procès.
— Certains d'entre vous se cramponnent à leur statut « Lead » ou « Spéciale E. », alors que la vocation d'A.M.I.E. est de gommer les différences pour favoriser l'insertion de tous. Je suis navré de vous apprendre que vous n'avez rien compris. (Rudy balaya les protestations.) Quant au reste, c'est parce que nous épuisons notre énergie à nous tacler entre comités que STIRPS gagne de l'ascendant. Cerise sur le gâteau : le nouveau doyen partage leur vision des choses et ils s'en gargarisent. Si on ne réagit pas, nous écrirons les dernières pages de l'histoire d'A.M.I.E., cette année.
— T'exagères pas un peu ? avança Tommy Lelouf, du comité des Études.
À son scepticisme, quelques-uns opposaient toutefois de l'inquiétude.
— Je n'exagère rien. Aymar Sulivann est un grand-cousin, du côté maternel de mon père. (Du pouce, Rudy désigna Regan, qui, incrédule, marqua un mouvement de recul.) Voyez avec lui pour plus d'informations. Je pèse mes mots quand je vous dis que le doyen nous a dans le collimateur.
Rudy ignora la réaction de ses amis dans son dos. Ses camarades le devinaient en pleine improvisation. Il sentit le regard suspicieux de Blacky et se garda de sourire, décidé à tisser la toile de son bluff. L'audience, appâtée par ses fausses révélations, lui tendait désormais une oreille attentive. Cela étant, il déformait à peine la vérité. À ce stade, tous les coups étaient permis. Selon Rey, éradiquer la verrue STIRPS de la peau lisse de Darney se passait de scrupule.
— Certains d'entre vous pensent que notre situation s'est envenimée depuis, ou plutôt, à cause du lancement de la GFM.
— C'est pas faux. Comptes-tu le nier ? scanda quelqu'un.
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HOT CHILI - saison 6 ✥ volume 2/2
Roman d'amour. Pour le clan Leblanc, folie des grandeurs est raison. Est-ce acte de folie ou résolution raisonnable quand un Leblanc menace un empire de déclin ? Déterminé à exploiter la vulnérabilité de sa puissante famille qu'il juge coupable da...
