HOT CHILI - saison 6 ✥ volume 2/2

S06 (vol 2) - EP 32 ✥ part II

Partie 2/3

— Enfin nous rencontrons-nous, Sir Edwards.

Le lord ne feignit pas la sympathie. Au sourire hypocrite, il opposa un visage froid. Ses prunelles d'un chocolat glacé n'auraient pas dépareillé sur la façade d'un inquisiteur.

— Dean Leblanc, je présume.

Le téléphone avait masqué des restes d'accent anglais, remarqua Dean.

— Edwards, laisse-moi te présenter mes filleuls.

— Ce sera Mr Meister. Je t'épargne le Sir. Tes filleuls ne m'intéressent pas ce soir. Je n'ai pas le temps de jouer avec un enfant en mal d'affection.

Vlan ! dans les dents.

Dean se demanda si Edwards avait déjà oublié à quel point il pouvait se révéler casse-couilles, une fois motivé. D'un autre côté, il œuvrait pour qu'on le sous-estime, alors qu'il comptait jouer les cailloux dans un engrenage huilé. Meister s'apprêtait à voir les boulons de son système grincer de façon alarmante. Dean lui sourit. Car opposer un sourire à son adversaire quand on fulminait et piquer une crise contre des affronts insignifiants restait le meilleur moyen d'éconduire quiconque sur la nature véritable de vos pensées.

— Mes filleuls vous intéresseront un autre soir, je suppose. Éclairez ma lanterne. J'ai du mal à saisir pourquoi l'Agence a fait pression sur l'un de mes filleuls, en l'impliquant dans la tentative d'assassinat de Lucas Levy, alors qu'elle a habilement amoindri l'impact de sa défenestration.

Edwards lui lança un avertissement oculaire. Le lieu n'était pas propice à cette conversation. Le chef des Services de Renseignements dévisagea Mir – qui déglutit, considéra Blain – qui baissa les yeux, toisa Junior – qui haussa les sourcils d'un air de défi. Il ne voyait Rey Lee-Cooper nulle part. Ce type ne comptait tout de même pas présenter quatre filleuls !? Qui étaient ces jeunes gens ?

— Il a été porté à ma connaissance que Rey Lee-Cooper s'est « amusé » à pirater la MIP-database.

— Cela n'a rien d'incongru que cette base de données soit piratée, opposa Dean. Certains y sont parvenus avec plus de succès.

Mais aucun ne possédait de lien avec les Leblanc, Sir Hughs Bacchum et une affaire couverte par l'IANS : Lucas Levy. Cette configuration justifiait l'intérêt de l'Agence. Edwards ne se rabaisserait pas à l'expliquer à Dean. L'homme relierait les points seul, s'il n'était pas l'image du fanfaron qu'il renvoyait.

En parlant de Rey, Edwards avait cru l'apercevoir en pleine discussion avec Vince, en compagnie d'un blondinet qu'il soupçonnait d'être Rudy Leblanc. Seulement, le petit-fils de Vince ne figurait pas dans la liste des invités. Voilà que Dean présentait trois jeunes inconnus comme ses filleuls. Ce trublion confondait le Club à une association ludique.

Les actes de sa descendance alourdissaient la note de Vince et confortaient les convictions d'Edwards. Les épaules du grand patron de White Enterprise© ne parvenaient plus à supporter la charge du MIP-Club. La toute-puissance Leblanc devenait chimère et quelqu'un devait l'évincer.

Le filleul qui l'observait avec un rien d'impolitesse ouvrit la bouche et se révéla la copie du parrain : impertinent.

— C'est vous la tête de la Sécurité Nationale ? fit Junior. J'imaginais quelqu'un de plus impressionnant.

Dean lutta contre un rire moqueur. Junior semblait déçu. Le hoquet de stupeur peu discret de Mir le poussa à se justifier.

— Au ciné, le boss des Services de Renseignements ou de la Sécurité Nationale a de la prestance. Je ne dis pas que vous en êtes dépourvu. Mais ils ont un truc, quoi. M de James Bond, Dan Briggs de Mission Impossible, même Agent Smith de Matrix, ou Zordon des Power Rangers, ont ce truc de « boss d'une organisation sous le sceau du secret ».