S06 (vol 2) - EP 02 ✥ part III

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Partie 3/3

Le « môme » était de fort mauvaise humeur depuis son réveil.

— Pourquoi ta rentrée a été annulée ?

Rudy lança un regard en coin à son chauffeur. De toutes les questions, Blacky devait poser celle-là. Probablement qu'il voulait une explication au fait qu'il ait « chômé » la veille. Mais elle ne viendrait pas de Rudy. Il n'avouerait pas qu'une crise de panique avait compromis son agenda. Son garde du corps, d'ordinaire taciturne, choisissait mal son sujet pour engager une conversation. Il consentit néanmoins à répondre :

— Elle a été décalée, pas annulée.

— Pourquoi ?

Rudy eut la désagréable impression de subir un interrogatoire. Il apprécia encore moins le ton froid et impersonnel.

— Je t'en pose des questions ?

— Oui. Beaucoup.

— Auxquelles tu ne réponds pas. Je peux utiliser ton forfait « silence » aujourd'hui ? Épargne tes cordes vocales et ta salive, c'est bon pour ce que t'as.

Mikael l'étudia du coin de l'œil.

— Ta reprise te rend nerveux. Tu le dissimules en étant désagréable.

Vérité nue et implacable qui agaça Rudy. Blacky ne daignait même pas s'énerver, soulignant davantage sa puérilité.

— Tu ne sais rien de moi.

— Exact. Mais le « rien » que je sais suffit à saisir que tu es du genre « chiant casse-oreilles » plutôt que « chiant casse-couilles ».

— En attendant, c'est toi qui me les brises, soupira Rudy.

Il se perdit dans la contemplation morose de l'asphalte à travers la fenêtre. Un silence lourd s'installa dans l'habitacle.

— Je te prie de m'excuser.

Mais Rudy s'était trop retranché en lui pour s'intéresser au monde extérieur. Premier jour de fac. Il avait beau se dire qu'il ne serait pas seul, qu'il verrait ses amis, impossible de s'apaiser. Et si une crise survenait en plein amphithéâtre ou sur le campus, en public ? Il s'entendit confesser à voix basse :

— J'ai peur de paniquer. Je ne veux pas qu'on me voit dans cet état, si ça devait arriver. Je n'aime pas cette sensation de... vulnérabilité. Je déteste ce sentiment d'avoir besoin de mon père pour me sentir en sécurité, comme un gosse qui a peur du noir. Je déteste ce que je deviens.

Il observa sa main tremblante, puis serra le poing, en colère. Yeux clos, il se massa les paupières. Sa nervosité sourdait à fleur de peau. Rudy ne vit pas le regard indulgent de Mikael.

— Je peux t'apprendre une façon de respirer pour canaliser ta panique.

— Encore faut-il que je la voie venir, grommela-t-il.

— Apprends à identifier les déclencheurs. Plus tu les définis, mieux tu les affrontes.

— Facile à dire.

— Je ne m'éloignerai pas. Appelle au moindre souci. Peu importe où tu es, je te retrouverai.

Se sentant scruté, Mikael resserra un peu sa poigne autour du volant. Ses mitaines en cuir couinèrent. Pourquoi avait-il dit cela ? Il n'aima pas se laisser atteindre par la vulnérabilité du gamin. Elle n'aurait pas dû le toucher.

— Je te mets en raccourci sur mon téléphone, décréta Rudy. T'as le numéro quatre.

Blacky arqua un sourcil. Rudy nota qu'il savait remuer ses sourcils indépendamment l'un de l'autre, comme son père.

HOT CHILI - saison 6 ✥ volume 2/2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant