HOT CHILI - saison 6 ✥ volume 2/2

S06 (vol 2) - EP 35 ✥ part III

Partie 3/3

— Aucune condition d'âge ni de sexe n'est exigée aux filleuls et filleules. Quant aux parrains et marraines, ils bénéficient de certaines prérogatives afin de remplir ce droit. Je souligne qu'il s'agit d'un engagement d'ordre moral et citoyen, qui peut aussi être financier et politique. Cependant, si le parrain ou la marraine est jugé à travers les œuvres de son filleul ou sa filleule, l'inverse ne sera pas toujours vrai.

Dean se tourna vers les parrainés et s'attarda quelques secondes sur les siens.

— Gardez à l'esprit votre indépendance intellectuelle. Néanmoins, on ne pardonne pas la sottise. La sanction est sévère et au diapason du pouvoir. Pour en avoir fait les frais, je parle par expérience.

Des murmures ponctuèrent son commentaire. Faisait-il allusion à l'enlèvement de son fils ? Dean les laissa spéculer. Il énonça aux tuteurs et tutrices les principes consacrant la présentation et l'entrée officielle d'un filleul ou d'une filleule dans le club d'initiés, puis présenta aux convives la nécessité d'une cérémonie de parrainage, avant de soulever qu'à toute règle son exception.

Leblanc était l'exception. Exception historique toujours d'actualité, qui rappelait aux membres les origines du MIP-Club.

— Et cette exception répond à la question du nombre inhabituel de mes filleuls : soit trois.

Des protestations s'élevèrent. D'aucuns, toutefois, admirent qu'il avait bien ficelé son plaidoyer. Dean dut hausser la voix pour couvrir le brouhaha contestataire.

— Si cette situation heurte votre sensibilité, vous avez le choix entre exprimer votre indignation ou quitter la MIP-database. Nul ne vous retient.

Sourire affable. Cela n'avait de choix que le nom. Des dents furent grincées mais plus personne ne pipa mot. Ils avaient trop à perdre : un mode de vie aisé et prestigieux, que pouvait certes s'offrir leur fortune mais dénué de l'aura régalien de leur statut MIP. La base de données mettait à leur disposition, H24 et où qu'ils aillent, un prestataire multiservice ainsi que l'incontestable avantage d'alliés surpuissants. Aussi personne ne s'aliénerait les Leblanc, même lorsqu'ils s'arrogeaient sans réserve la part du lion. Pour l'heure, nul n'avait le cran d'émettre un reproche public face à leur politique autoritaire.

Dean céda enfin le micro au maître de cérémonie.

— Faites-la courte.

Lèvres pincées, Gerald Benetton se racla la gorge, tapota le micro comme pour retrouver contenance. À l'instar des autres parrains et marraines, Dean se posta aux côtés de ses filleuls.

— Beau discours, souffla Rey.

— J'ai simplifié. Sinon on ne partirait d'ici qu'aux calendes grecques.

Gerald prit la parole, l'allure et le ton guindés.

— Chers parrains, chères marraines, le moment est venu de vous engager auprès de celui ou celle que vous avez choisi pour filleul. Vous avez exprimé la volonté de marquer de solennité l'entrée, dans cette communauté prestigieuse, de celui ou celle que vous éduquerez conformément aux idéaux du MIP-Club. Votre demande est la confirmation des devoirs que vous contractez à leur égard, en leur ouvrant les portes du privilège, de la responsabilité et du pouvoir sur notre société.

Dean se flingua mentalement. Il aurait dû monopoliser le micro. Mais au-delà du caractère ampoulé du cérémonial, le propos était exact. Le MIP-Club pataugeait dans le pouvoir, sur le plan politique, économique et social. En fin de compte, cela s'avérait une bonne chose que Rudy assiste à cette cérémonie. La sienne viendrait, en tant qu'exception admise sans parrainage. Néanmoins, il prendrait déjà conscience du poids de sa carte MIP. Elle ne représentait pas simplement un sésame lui évitant de longues queues au cinéma, aux parcs d'attraction, au restaurant ou en boîte de nuit.