Partie 3/3
Lorsque Lester se présenta sur le seuil de sa chambre, Blain entrevit la fin funeste de sa soirée. Hébété – tant la situation sortait de l'ordinaire –, il fut traîné dans le bureau paternel par la peau du cou. On l'enfonça dans un fauteuil et força un téléphone entre ses mains. Il identifia le portable de Kyra à sa coque jaune. De plus en plus perdu, son regard focalisa sur un nom maudit affiché à l'écran : « Rudy L ». Ce type avait osé contacter son père... Putain de bordel, que lui avait-il dit ?! Il fut vite fixé lorsque l'ordre fusa à voix basse :
— Ne t'avise pas de raccrocher avant la fin de votre conversation. Et il serait temps de changer cette façon dégradante de te vêtir !
Abandonné dans la pièce avec l'écho du dégoût paternel, Blain cilla. Le règne du laxisme de Lester semblait arrivé à son terme. Et il le devait à ce foutu Rudy Leblanc ! Jusqu'ici, l'attitude de ses parents s'apparentait à de l'abandon. Ils s'étaient lassés de glisser des remarques sur ses habitudes, ses goûts et ses choix. Mais cette fois, le commentaire n'avait rien d'anodin. Quelque chose avait troublé les règles tacites qui régissaient leur absence de relation sociale. Blain devait l'affronter, qu'il le veuille ou non. Rassemblant sa détermination, il cracha au portable :
— Tu me veux quoi, exactement ?
— Tu as ouvert les hostilités en me raccrochant au nez. Les conséquences, assumer tu devras.
Blain aurait voulu toiser ce con qui lui parlait à la manière d'un petit Jedi poilu et verdâtre. Un petit con en colère, de toute évidence. Un Leblanc en rogne. Merde !
— Mais puisque tu ignores la conjugaison du verbe « assumer », tu me vois obligé de te l'apprendre. Demain, un véhicule à destination de Balmer te récupèrera à la fac, à l'heure de ta pause. Te dérober n'est pas une option. Tu rêves si tu espères échapper au viseur d'un Leblanc. Ne me donne pas une raison de te changer en cible à abattre.
— Mais que t'ai-je fait ?!
Malgré lui, la voix de Blain trembla. Qu'était-il censé comprendre ? « ...Tu ignores la conjugaison du verbe « assumer ». » Son cœur connut une embardée. Assumer. Ses sœurs avaient-elles cafté ? Bianca ?
— La question n'est pas « ce que tu m'as fait » mais ce que tu peux faire pour moi. Tu recevras les instructions par texto. Je te préviens, Blain. Déçois-moi une seconde fois et tu peux être certain que je serai une épine dans ton pied. Je te déconseille de me défier.
— Pardon ?! Putain, c'est quoi ce bordel ?
De quel droit ce Rudy sorti de nulle part le menaçait-il ? Pourquoi chambouler son existence ? Blain tenta de se ressaisir mais la musique allait trop vite.
— Je n'ai pas fini, asséna Rudy.
— Oh que si ! C'est mon tour de parole. Si t'es aussi pourri que l'image que tu renvoies, c'est dommage que ta séquestration n'ait pas duré plusieurs années.
Silence. De manière inexpliquée, Blain ne raccrocha pas. Sans doute attendait-il une réaction ; une preuve de l'efficacité de sa contre-attaque. Mais le mutisme du téléphone devint anxiogène. Il sursauta quand s'éleva un rire dément, à refiler la chair de poule.
— Trêve de plaisanterie, fit Rudy d'une voix égale. Je sais que t'es un hackeur. Ou peu importe comment tu te définis. Ne cherche pas à savoir qui est ma source. À la rigueur, je peux troquer cette info contre une autre. Si tu coopères, ton petit secret restera entre toi, moi et ma source. Et si je suis satisfait de ta « coopération », tu accèderas au MIP-Club. Avant de dire non, imagine la possibilité de booster tes talents en te procurant le nec le plus ultra du milieu cybernétique. Ce deal te semble équitable ?
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HOT CHILI - saison 6 ✥ volume 2/2
Romance. Pour le clan Leblanc, folie des grandeurs est raison. Est-ce acte de folie ou résolution raisonnable quand un Leblanc menace un empire de déclin ? Déterminé à exploiter la vulnérabilité de sa puissante famille qu'il juge coupable da...
