HOT CHILI - saison 6 ✥ volume 2/2

S06 (vol 2) - EP 02 ✥ part I

Partie 1/3

Si Rudy ne parvenait pas encore à considérer la propriété de Riddelshire comme sa nouvelle demeure, son « chez lui », il admettait toutefois qu'elle venait avec des avantages. Un système domotique sécurisé, qui réduisait la nécessité d'un gardiennage renforcé. La présence d'une armada de gardes se révélait plus oppressive que rassérénant. Autant pour Rudy, Red et Dean. L'alternative de la vidéo-surveillance, des détecteurs de mouvements et de l'alarme configurable depuis leur téléphone avait remporté l'unanimité.

— Tu peux moduler d'un clic l'éclairage de la propriété, à l'extérieur comme à l'intérieur, expliqua Dean en rendant à Rudy son portable désormais paramétré. La touche « 5 » est un raccourci qui te mettra en liaison avec une équipe de Wales Security©. À supposer que d'étranges circonstances les empêchent de répondre, un système relais contactera la police. Familiarise-toi avec.

Rudy hocha la tête. Dean réprima un soupir, attristé par le mutisme de son fils. Il comprenait que le garçon ne soit pas d'humeur. Ce matin-là, Rudy avait fait une seconde crise de dépersonnalisation, en se réveillant dans une chambre qu'il n'avait pas reconnue. Il avait cru qu'on l'avait à nouveau enlevé, que Chayton se trouvait dans les parages. Bilan : une violente panique et autre jour de fac annulé.

Ce n'était pas faute d'avoir été prévenus par Ilona. La nouvelle propriété impliquait un changement radical. Limite brutal pour quelqu'un censé retrouver une routine familière et rassurante. Mais l'avis de sa psy n'avait pas pesé sur la décision paternelle, et Rudy n'avait pas voulu chagriner Dean. Une nuit, cependant, avait suffi à donner raison à Ilona.

Or Rudy ne se voyait pas prolonger son séjour chez le couple Orlando. Il les appréciait beaucoup, mais cela non plus n'entrait pas dans une routine familière. Cependant, le retour à Saunes était exclu, et il avait besoin de la présence paternelle, paramètre le plus rassurant, le plus stabilisant dans son quotidien soumis au changement, à l'indécision et à l'incertitude. L'incertitude de la survenue d'une nouvelle crise de panique, par exemple. Telle une épée de Damoclès, elle flottait au-dessus de sa tête. Seule la présence de Dean la tenait à distance. Il signait à nouveau pour dormir dans la chambre de papa.

En cette journée de reprise de cours avortée, Rudy prenait donc ses marques dans la villa de son père. Dean lui remit une espèce de télécommande de poche.

— Il déverrouille le système. Ne l'éloigne pas trop de tes clés de voiture, cela t'évitera de poireauter dehors ou de descendre pour déverrouiller de façon manuelle.

Rudy dévisagea le gadget. Une seconde, il se demanda si ce système visant à les « barricader » à l'intérieur n'entretiendrait pas ses craintes, sa peur du monde extérieur. Mais cela rassurait Dean, qui semblait le plus avancé sur la voie de la paranoïa.

— J'insiste. Tu devras maîtriser le système de sécurité de la maison.

— Je sais, soupira Rudy. Je devine qu'en cas de souci, l'aide ne viendra pas de nos voisins.

À l'écart des autres résidences, la propriété nichait dans un cocon de dunes blanches et de formations végétales qui courraient jusqu'à une plage privée. Toutes les villas du voisinage bénéficiaient d'une intimité favorisée par les accidents du terrain, la végétation bien entretenue et la privatisation de nombreuses berges. Parfois, de grands vergers séparaient les habitations, quand ce n'était pas une piste cyclable ou un circuit équestre. Le village-vacances occupait la moitié du quartier mais était séparé des domaines personnels par un grand parc naturel, de telle sorte que les vacanciers rencontraient peu les résidents permanents. La demeure Leblanc était la plus éloignée.