HOT CHILI - saison 6 ✥ volume 2/2

S06 (vol 2) - EP 15 ✥ part III

Partie 3/3

— On doit se débrouiller autrement qu'en utilisant le nom de certains membres de notre comité, appuya Inna.

Junior balaya sa tentative de dissuasion. S'il y avait une personne qui savait mieux que quiconque le pouvoir de son patronyme, c'était lui ! Fils hors mariage, pointé du doigt comme le bâtard d'une arriviste, il avait dû se faire une place au soleil. Sa bâtardise avait cessé d'être un obstacle lorsqu'il avait appris à utiliser intelligemment son nom. Et surtout, sans scrupule.

— Cette décision est stupide.

— En quoi ça l'est ? maugréa Inna, contrariée. On ne sera pas différents de STIRPS si on commence à mettre en avant un nom prestigieux. Ils se disent le porte-drapeau de la noblesse du Darney des origines. Un discours écœurant qui ressemble à s'y méprendre à celui du nouveau doyen. On est relégué au second plan, et tel que c'est parti, faudra s'y résigner !

Son geste de la main traduisit sa frustration. Elle n'était pas en colère contre Junior. Hélas, ce dernier le prenait de façon personnelle. Sentant l'humeur acide de son meilleur ami, Mir tenta de décanter le malentendu.

— Junior est du genre à affronter son adversaire en employant les mêmes armes que lui.

— La défaite n'en est que plus humiliante, soutint Junior, hautain. Je refuse de renier mon nom pour préserver une fierté mal assumée. Je suis un Reich-Andriana. Ces cul-terreux, j'inclus le doyen, apprendront à me respecter. Et ça passe par le respect de mes amis. Depuis deux siècles, l'association travaille avec la direction et non sous la férule d'un doyen qui n'est que la marionnette consentante des gros donateurs de l'université. A.M.I.E. ne se soumettra pas à une autorité arriviste !

Des sourcils furent haussés. Très haut. Mir sourit.

— Et c'est moi qu'on traite de contestataire.

— Les réactionnaires dans cette affaire sont le doyen et ces enfoirés de STIRPS, pointa Junior.

— Mais qui t'a parlé de renier ton nom ? s'impatienta Candice. Tu fais beaucoup de bruit pour rien. Le doyen n'est pas obligé de tout savoir.

Rudy ricana.

— Faut pas toucher le Junior dans son amour-propre. Le Junior est une espèce rare et très susceptible lorsqu'on touche à ses « possessions ».

— C'est bon, toi. Je vous signale qu'on est dans la même galère, s'agaça Junior, comme Mir rejoignait Rudy dans sa moquerie.

— Il suffit de changer la galère en bateau de plaisance, décréta Regan. Le doyen est un Sulivann. C'est exploitable.

Rudy cilla. Sulivann...

Quand Brest avait déposé sa démission, les gens n'avaient pas été surpris par ce dénouement mais par sa précocité. Puis l'identité de son remplaçant avait fini de laisser le monde perplexe : un parfait inconnu du milieu darneyen, voire balmerien. Pourtant, le nom Sulivann évoquait vaguement quelque chose à Rudy. Cependant, de crainte d'alimenter le ragot, il avait choisi de ne pas s'y intéresser.

Inutile de rajouter de l'huile sur le feu, quand l'idée collective associait son kidnapping au départ de Thomas Brest. D'aucuns appuyaient cette décision, jugeant le laxisme de l'ancien doyen à l'origine des indécences comme la GFM. Une autorité de pacotille à la tête d'une instance aussi emblématique était une honte ! La mission du nouveau doyen : redorer le blason de Darney ; lui donner sa rutilance des origines, au grand bonheur de STIRPS.

Peut-être aurait-il dû s'y intéresser, pensa Rudy, comme Teddy encourageait Regan à développer :

— C'est-à-dire ?