Partie 3/4
Jeudi
La nuit prenait ses droits sur la ville. Les lumières des gratte-ciels du lointain littoral se distinguaient à travers la baie vitrée de la terrasse arrière. Dean, seul à la maison avec un hôte particulier – un bébé de deux mois –, avait dissuadé Rebecca de trouver un baby-sitter en se dévouant à garder Mìo. Une subite envie de pouponning. Il pensait ne pas être trop rouillé, près de vingt ans plus tard.
Le petit ange, nourri, changé, se prélassait dans sa balancelle. Sa mère, ayant flairé une belle opportunité pour les Beat'ONE, honorait une soirée mondaine. Cette nuit-là, les musiciens finiraient tard. Lancés dans leur travail, barbotant dans leur inspiration, ils profiteraient de la fermeture du Music Museum à minuit.
En l'absence de Red, les plaques chauffantes de la cuisine semblaient une zone de non droit pour Dean, qui avait préféré solliciter le traiteur. Il leva la tête de son croquis lorsque Rudy s'assit à ses côtés, enfin de retour de la fac. Voilà deux jours que son fils quittait la maison très tôt et rentrait un peu tard.
— Tes cours se passent bien, fiston ?
Rudy grimaça. Dean s'en inquiéta.
— Je sais que tu as pris du retard, mais tu as les capacités de le rattraper.
— Je ne dis pas le contraire.
La circonspection du fils nourrit l'inquiétude paternelle. Rudy ne tenta pas de le rassurer.
— C'est juste que ça s'accumule au mauvais moment. J'ai tout mon premier semestre au rattrapage. Et contrairement aux autres, je n'ai pas préparé Spéciale E. depuis le lycée. Mais bizarrement, c'est pas ce qui me stresse en ce moment.
— Ça devrait, un minimum, désapprouva Dean.
Rudy remua la tête.
— Pas envie de me prendre le bourrichon. Il y a autre chose qui me turlupine.
— Qu'est-ce qui pourrait te tracasser plus que tes cours ?
L'emphase souligna l'indignation et le désaccord.
— Je t'en parle que si tu consens à m'aider. Sinon, laisse tomber.
— Je ne te laisse pas le choix, Rudy. Sinon, je trouverai l'information.
— Au moins, à l'époque, tu t'en cachais, l'accusa Rudy.
— Vouloir tout savoir à ton sujet ne signifie pas vouloir te « contrôler ». Les choix restent tiens, je te l'ai toujours dit. Tu dois prendre l'étoffe d'un décideur...
— Et je décide de t'en parler que si j'ai la garantie d'avoir une aide de ta part, coupa Rudy.
Dean posa son bloc à dessins sur l'accoudoir du fauteuil. Son garçon s'essayait à la manipulation ou il ne s'y connaissait pas. Il joua le jeu.
— Je suis ouvert à la conversation. C'est à quel sujet ?
La méfiance de Rudy pointa le museau. Cette question impliquait-elle le consentement paternel à l'aider ? Avait-il seulement le choix ? Il possédait des options limitées.
— Il y a cet étudiant doué, tu vois, mais qui ne s'épanouit pas dans son cursus. Et ça se ressent dans ses notes à la limite de la moyenne. Pourtant c'est un génie. On s'est dit que ça l'aiderait d'être transféré en Spéciale E.
— Est-il d'accord ? demanda Dean, sceptique.
Où son fils voulait-il en venir ? En quoi cela était prioritaire sur ses cours ? Rudy opina du chef.
VOUS LISEZ
HOT CHILI - saison 6 ✥ volume 2/2
Romansa. Pour le clan Leblanc, folie des grandeurs est raison. Est-ce acte de folie ou résolution raisonnable quand un Leblanc menace un empire de déclin ? Déterminé à exploiter la vulnérabilité de sa puissante famille qu'il juge coupable da...
